Live Report Emily Loizeau, Théâtre des Bouffes Du Nord, 2 Mai 2023

Emily Loizeau au Théâtre des Bouffes du Nord
Emily Loizeau
2023
Franck Houdy

Live report – Emily Loizeau, Théâtre des Bouffes Du Nord, 2 Mai 2023Live report Emily Loizeau

La salle est mythique et bien sûr ce fut un concert exceptionnel auquel j’ai pu assister ce soir au théâtre des Bouffes du Nord. Il faut dire que tout était au rendez-vous pour cela : ma joie de revoir jouer Emily Loizeau que je n’avais pas revue depuis sa superbe tournée Pays Sauvage, des musiciens talentueux : Boris Boublil à la basse, la guitare et aux claviers, Sacha Toorop à la batterie, Csaba Palotaï à la guitare, Jean-François Riffaud à la guitare et au lap steel, une scénographie soignée, des invités surprises prestigieux : John Parish et Dominique A. Autant dire qu’il faudrait être un triste sire pour bouder son plaisir ! Mais ce à quoi j’ai assisté ce soir allait bien plus loin qu’un très bon concert. Il s’agissait d’un acte militant, d’un acte d’engagement humaniste, nourri de questionnements, de colères assumées, d’une vision intime et collective porteuse d’un grand soin à vouloir réunir. Au cours de ce live, j’ai pris conscience qu’aujourd’hui aucune autre chanteuse française n’incarne autant, par sa force brute et son engagement, le lien avec Nina Simone. Indéniablement Emily a dû la croiser à un crossroad et nul doute que Colette Magny devait passer par là au même moment. Il en ressort un blues bien à elle, teinté d’une rage de vie tonitruante qui bouscule, alerte et émeut. Ce spectacle vivant qu’est Icare est un flambeau qui crie l’urgence de tous ses pores en maintenant toujours la lumière allumée, une flamme de chaleur et d’espoir. Quand elle évoque Dominique A en chanson, elle le compare à un phare. Ce concert en est un autre tout aussi éblouissant.

Pour écrire son dernier album, né du confinement, l’autrice-compositrice-interprète s’est placée en réceptacle de ses émotions contradictoires liées à la violence de ce monde et à ses beautés les plus naturelles. Hier soir, c’est en chanteuse de Soul qu’elle m’est apparue, chantant de toute son âme et ses tripes, invoquant toutes les forces en résonance avec elle et son parcours dans l’espoir qu’advienne une grande révolution de Lumière. La folk, la culture classique et les tourneries répétitives qui font son style sont toujours là mais l’âme a pris le dessus sur tout. Quel bonheur et quelle vérité !

Live report Emily Loizeau Band 1

Bien campée sur ses positions, elle prend tous les chocs de front et nous les renvoie de tout son art. Elle évoque les droits de femmes et plus précisément le combat des iraniennes, le calvaire et le courage des migrants engageant leur existence pour tenter d’atteindre une vie meilleure, la planète Terre en souffrance et le cosmos « Through My Backdoor To The Moon », les tribus Sioux « Oceti Sakowin », l’urgence climatique « We Can’t Breathe ». La préservation de la nature n’est pas en reste à l’écoute de « Silent », « Renversé » et « Eldorado ». Sont à noter sa version adaptée en français du titre de Dylan « Girl From The North Country » et ce superbe duo avec John Parish sur le « Workin Class Hero » de Lennon, génialement réarrangé. La soirée se déroule entre chansons et adresses directes au public. Emily nous parle tant et si bien que le concert prend des allures de veillée. Nous sommes entre nous, comme autour d’un feu en plein air. D’ailleurs, la scène est recouverte de terre tel un symbole d’ancrage, de connexion à la vie.

Live report Emily Loizeau Band 2

En rappel, Emily Loizeau nous offre un titre inédit, extrait de la BO composée pour le documentaire de sa sœur, Manon Loizeau, « La vie devant elle » (diffusion dans l’émission Infra Rouge le 17 mai). Puis elle nous fait le plaisir d’un duo avec John Parish, sur une chanson co-écrite avec PJ Harvey : « April ». Quelques minutes plus tard, Dominique A rejoint le groupe pour une version subtile de « L’autre Bout Du Monde ». La soirée se clôt sur une interprétation transcendée de son fameux « Fais Battre Ton Tambour ». Saisissant.
Après une vibrante ovation, la salle se vide. Marchant dans les rues animées de la capitale, je me suis senti plus droit, plus grand tandis que résonnaient encore ses derniers mots : « Ensemble, on est puissant ».

http://www.emilyloizeau.com

 

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