Depeche Mode le samedi 15 juin 2013 au Stade de France
Live report : Depeche Mode le samedi 15 juin 2013 au Stade de France
Le 15 juin dernier le Stade de France accueillait le groupe Depeche Mode pour sa tournée mondiale Delta Machine. Ce lieu, immense est encore plus imposant lorsqu’il est comble. On peut se demander si la sonorisation parviendra à retransmettre les intonations sensibles des voix, si la musique résistera à cet espace, si l’émotion sera là. Je n’ai jamais partagé Depeche Mode. Ils me parlent, à moi, depuis des années. Que dire lorsque 80.000 personnes attendent aussi l’arrivée de mes musiciens ? C’est un choc, puis un cri à l’unisson lorsqu’ Andrew, Martin et Dave apparaissent sur scène. Une énergie unique du public s’installe et ne retombera pas avant la fin du concert.
« Welcome to my world », Dave n’a pas seulement gardé son déhanché sexy, il a toujours sa voix chaude et puissante. Cette première chanson de leur dernier album aux accents de blues électroniques, ouvre la soirée. L’annonce d’un renouveau tonique et créatif se confirme avec « Angel ». Pourtant « Delta Machine » porte bien l’empreinte de Songs of Faith and Devotion. La démonstration de cette fluidité sera faite lorsque suivront les premiers accords de « Walking In My Shoes ».
De succès indémodables (« Precious », « Black Celebration », « Policy Of Truth », « Barrel Of A Gun », « Higher Love », « A Pain That I’m Used To », « A Question Of Time », « Enjoy The Silence », un « Personal Jesus » frénétique), en succès à découvrir (« Should Be Higher », le magnifique « Heaven, Soothe My Soul », « Secret To The End »), cette première partie s’achève avec « Goodbye ». Peut-être sensibles aux critiques de leur dernière tournée en 2009/2010, le groupe revisite son style new-wave en proposant une set-list 2013 accessible et fidèle à leur carrière.
La réussite de ce concert vient surtout de l’harmonie complexe proposée dans les enchainements entre des arrangements parfois très rocks puis blues associés à des virgules électroniques affirmées. La scénographie minimaliste compensée par des animations vidéos graphiques et colorées alternant avec des passages à l’esthétique Corbijn complètent le spectacle. Leur musique occupe l’espace sans artifice supplémentaire et comme une piqûre de rappel radicale, Martin nous a offert un Judas si intimiste qu’on s’est souvenu les aimer aussi pour cela, quelques mots murmurés à nos oreilles seulement.
Un public acquis, enthousiaste et chaleureux n’a toutefois pas suffit à les rendre plus bavards. Laissons les artistes à leur retenue puisqu’ils nous auront offert un rappel magistral avec « Home », « Halo », « Just Can’t Get Enough », « I Feel You » et « Never Let Me Down Again ». Quelques mesures supplémentaires pour les retrouver sur cette toute dernière. Toutes ces années à écouter leurs albums sans jamais les voir se produire sur scène. Il aura fallu ce jour pour prendre conscience de l’immense popularité de ce groupe, et réaliser que nous, vous, moi, les fans des premières heures, sommes finalement sortis avec brio de l’adolescence morose. Amoureux pour la vie c’est certain, il se pourrait bien que beaucoup d’entre nous se retrouvent encore en janvier 2014 à Bercy pour les prochaines dates de leurs concerts parisiens.
Delphine Bouan