Live report Cachemire + Lucien Chéenne, à la Maroquinerie, Paris, le 12 avril 2025

Live report Cachemire + Lucien Chéenne, à la Maroquinerie, Paris, le 12 avril 2025
Cachemire
2025
Lucas Biela

Live report Cachemire + Lucien Chéenne, à la Maroquinerie, Paris, le 12 avril 2025

Live report Cachemire

Avant que l’ouragan Cachemire ne balaye la Maroquinerie, c’est la bise printanière Lucien Chéenne qui y souffle. Lui aussi vient de Nantes, une ville qu’il situe en Bretagne malgré les bouleversements historiques qui l’ont accompagnée. Voix rauque, guitare acoustique à la fois rythmée et éplorée, nous voici plongés dans la folk d’un écorché vif qui brandit haut et fort les couleurs de la langue française. Quand le « vautour de ses bras » étreint notre poète, c’est avec enjouement qu’il en parle. En revanche, les riffs se font plus acérés à l’évocation de la ville qui abrite le château des ducs de Bretagne. Dans le questionnement de notre gaillard sur sa place dans cette commune, c’est alors l’emportement qui caractérise les harmonies vocales. Ailleurs, l’hymne à la différence scandé d’une voix presque confidentielle sur un rythme lent mêlant espoir et peine se voit parsemé d’une fougue passionnée. On retrouve cette dernière dans les reprises d’Alain Bashung et de Nino Ferrer. Elle y fait alors suite à une douceur que l’on pourrait ressentir au toucher d’un textile en cachemire. Cela permet ainsi de faire la transition avec cet autre Cachemire, celui que la foule attend avec impatience.

Live report Cachemire Band 1

Groupe dont le nom fait référence à un classique du rock, c’est sur des textes en français que Cachemire associe l’énergie du punk et les riffs du hard rock. Sur des rythmes groove à faire sauter le public, on apprécie l’alternance entre cette voix désabusée, le chant revendicateur d’un Florent Pagny qui serait piqué au vif, et les refrains hymniques. Entre doutes post-punk et frénésie heavy metal, ce sont même des falsettos excentriques bienvenus qui répondent aux tendances absolutistes d’un président-roi. Riffs lourds et marches conquérantes, « Photochope-moi » prend presque des airs de pastiche de « My Sharona ». Et en parlant de parodies, on retrouve en effet dans l’univers de nos fans de Led Zeppelin le côté débonnaire des pastiches rock des Inconnus. Leur sens de la fête et de la dérision en accentuent même l’impression. Ainsi, dans ces moments « casse gueule », ces instants de prise de risque, où il s’agit de railler les influenceurs, ou de perturber les algorithmes des plateformes de streaming, c’est la cocasserie qui ressort. Par ailleurs, le public n’est pas seulement spectateur mais également acteur. En effet, dans l’hommage à Eric Cantona, la fosse et le fond de la salle s’affrontent ainsi dans des jeux vocaux comme une rencontre entre Manchester United et Liverpool. Finalement, ce sera match nul. La foule est même sollicitée par le chanteur aux traits d’un jeune King Diamond sans maquillage pour créer une composition à partir de trois accords et d’un thème de son choix. L’expérience pourrait alors être réitérée à l’occasion d’autres concerts et ainsi réunir suffisamment de nouvelles pièces pour un album. Sur les « vieux » morceaux qui sont présentés, c’est une succession d’hymnes entraînants et de rouleaux compresseurs où les accents dansants se marient à merveille avec les « wo ho ho » d’un public en délire. Quand nos Nantais se demandent ce qu’ils « attendent pour lâcher l’animal », ils lâchent en effet la bride sur des rythmes effrénés. On revient même à Alain Bashung dans cette reprise tonitruante de « La Nuit Je Mens ». Un refrain ébahi comme en réaction à la descente d’une montagne escarpée y côtoie alors des guitares virevoltantes et une batterie pétaradante. Bien entendu, le combo joue également de « nouveaux » morceaux. On reçoit alors encore des parpaings et des uppercuts en pleine face. Mais la surprise vient de ces pièces qui traitent de la dysphorie de genre et du lâcher prise. Dans la première, douleur et rage sont accompagnés de falsettos poignants. Dans la seconde, un mélange de chant et de récitation feraient presque surgir le spectre de Renaud.

Live report Cachemire Band 2

Groupe taillé pour la scène, Cachemire savent faire vibrer le public (la « famille » comme ils disent). C’est grâce à une énergie ébouriffante, une interactivité ludique, et le sens de la fête qu’ils y parviennent. N’hésitez pas à croiser leur route, ils sont actuellement en tournée dans toute la France.

https://www.cachemiremusic.fr/

https://www.facebook.com/luciencheenneofficiel?locale=fr_FR

 

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