Live Report Animal Triste à La Maroquinerie de Paris, 29 avril 2025

Live Report Animal Triste à La Maroquinerie de Paris, 29 avril 2025
Animal Triste
2025
Fred Natuzzi

Live Report Animal Triste à La Maroquinerie de Paris, 29 avril 2025

Live Report Animal Triste 2025

Je ne sais pas si a l’heure où j’écris ces lignes, on a éteint le brasier de la Maroquinerie. Parce que je peux vous dire que les flammes du rock se sont propagées dans le public tel dans du bois sec, ce mardi 29 avril. Animal Triste a en effet offert une prestation incendiaire à un parterre tout acquis à sa cause. Cette soirée à la Maro était très attendue par les Normands qui apprécient ce lieu et le qualifient « d’un des plus cools de Paris ». Ils se rappellent bien l’accueil qui leur avait été réservé la précédente fois et preuve leur en a été faite que ce n’était pas un mirage. Le dernier album Jericho avait encore poussé plus loin tous les curseurs, et on se demandait bien comment notre sextet allait rendre grâce à ce magnum opus. Comme ils sont connus pour faire des sets très intenses, sans retenir leurs efforts, et même s’ils sont encore jeunes (malgré les dires de leur chanteur, et puis mince, j’ai le même âge qu’eux !), je me suis demandé s’il y avait une équipe d’urgence prête à dégainer les défibrillateurs pour ramener à la vie ceux qui ont déjà prononcé les mots « Avé Satan ». J’avais tort. C’est le public qui a reçu les décharges, car à voir la fosse sauter, danser et se secouer, il n’y avait aucun doute que nos boomers savaient jouer de la gâchette de ce dispositif médical d’urgence. À vrai dire, on en avait tous besoin, avec cette époque morose. Le temps d’une soirée, nous nous sommes tous rappelés pourquoi il était bon d’être vivant, ici et maintenant. Amen à cela.

Live Report Animal Triste 2025 Band 1

Mais revenons un peu en arrière. Un début de soirée à la Maro commence toujours par un verre dans la cour intérieur de ce lieu. Le temps de saluer les usual suspects des concerts (on trinque et bisous !) et de discuter avec les membres du groupe (on trinque et tapes viriles dans le dos, bon ok, bisous !), il est temps de découvrir la première partie : Duke Garwood. Le mec semble revenu des enfers (lui aussi) et propose un set atmosphérique seul à la guitare électrique. 25 minutes où l’on oscille entre hypnotisme et fascination. Si vous ne connaissez pas son nom, il a sorti deux albums avec Mark Lanegan, dont l’excellent With Animals (tiens, tiens …). Une attente interminable plus tard et Animal Triste monte sur scène. Le combo nous offrira plus d’1h30 de musique, mêlant les titres de leurs trois albums. Yannick Marais a monté encore de plusieurs crans l’intensité de son chant (mais comment c’est possible ?) en donnant absolument tout. À se demander si finalement le groupe n’avait pas fait ce fameux pacte avec Satan parce que les guitares pyromanes de Seb, Darko et Fab n’ont pas arrêté de jeter des éclairs soniques diaboliques. Et que dire de la section rythmique ? Drikxc allume les morceaux avec son jeu de basse précis et imposant, tandis que la frappe implacable de Mamat, à grand coup de baguettes lance-flammes, crame le public. En guest, Marina Hands, tout juste auréolée de son Molière (bravo à elle), est descendue faire une apparition sur scène afin de toucher de près cette communion solennelle et a rendu « Jericho » plus urgent par sa poésie invocatrice.

Live Report Animal Triste 2025 Band 2

Tout était parfait. Le son (merci Philou), les lumières, la set list, l’ambiance. Une soirée entre amis qui soignaient leur tristesse de l’époque en laissant parler leur côté animal, tant sur scène que dans la salle. Certains morceaux sont allés encore plus loin dans l’ampleur sonique (mais comment font-ils ?) comme le grandiose « Sky Is Something New », le jouissif « Darkette », « Montevideo » et sa puissance saisissante, « River Of Lies » (quelle basse !) ou l’épique « Avé Satan ». « Sad Generation (With Happy Pictures) » impressionne toujours avec cette structure en deux parties (non, ils ne font pas du prog…) Oui, car en plus de nous proposer une purification de la crasse ambiante en nous exorcisant nous-mêmes et en nous secouant au gré des tempi des morceaux, les compositions sont hyper précises. Avec trois guitaristes, ils opèrent un rock chirurgical et frappent dans le mille à chaque note. Du grand art. Animal Triste, en bâtisseur de cathédrale de son, a édifié un monumental autel au rock. Une nouvelle fois, mais en encore plus grand.

Live Report Animal Triste 2025 Band 3

Une fin de soirée à la Maro commence toujours par un verre dans la cour intérieur de ce lieu. Le temps de saluer les usual suspects des concerts (on re-trinque et re-bisous !), de discuter avec les membres du groupe (on re-trinque et tapes viriles dans le dos, bon ok, re-bisous !), et de croiser des special guests venus supporter leurs copains comme Arman Méliès, Antoine Kerninon, Yann Orhan, Elodie Frégé ou Michael Grégorio (c’est peut-être lui le secret de Yannick !), il est temps de rentrer dans sa tanière en attendant la prochaine communion héroïque des Jerichoïques Non-Anonymes.

https://animaltriste.bandcamp.com/

 

Photos : Mélanie Lhote

Vidéo : Sandra Benyachou

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