Live Report – America 50th Anniversary
2020
Pascal Bouquillard
Live Report – America 50th Anniversary
Vendredi 24 janvier 2020, Coliseum, North Charleston, Caroline Du Sud.
Et voilà, il arrive parfois que l’occasion fasse vraiment le larron et en ce vendredi 24 janvier, en avant-première de l’Olympia le 7 juillet prochain, pour toute la France qui lit Clair & Obscur et plus précisément mes chroniques iniques (salut Jean Pierre). Je suis allé au concert d’America, au Coliseum de North Charleston, en Caroline du Sud (c’est là que j’habite hein, autrement je n’y serais pas allé spécialement). Le Coliseum est une bien jolie petite salle, que nous avons près de chez nous et qui ressemble un peu au Palais des Congrès de Paris : taille moyenne, sièges confortables, vue de tous les sièges (toi aussi, tu y es allé voir Gilmour ? la rouste !). Si tu as 50 ans ou plus, tu connais aussi America (pour les autres, circulez, y a rien à voir !!), ce groupe si bien aimé en Europe et tellement snobé par tous les ricains, quel que soit leur âge, qui les trouvent : trop pop, trop cheesy, pas assez bluesy, trop British… Ils sont cons ces ricains de Caroline du Sud ! Enfin pas tous quand même car la salle était plutôt pleine.
7:34 pm, America est ponctuel, c’est sympa, les lumières s’éteignent doucement et « Miniature », le magnifique instrumental qui introduit l’album Holiday (que je te conseille vigoureusement) nous annonce l’entrée en scène de Gerry Berkley et Dewey Bunnell, les deux rescapés du trio originel. Petit rappel historique : après une séparation en 1977, Dan Peek, le troisième et très croyant compère a écrit quelques bondieuseries popyfolkeuse, du pré Neal Morse en quelque sorte, avant de sombrer dans l’anonymat puis dans la mort en 2011. En dehors de quelques originalités, nos presque septuagénaires nous ont régalé de l’intégralité de leur album Greatest Hits (à l’exception de « Muskrat Love ») des années soixante-dix : « Tin Man », « Sand Man », « Daisy Jane », « I Need You » etc (suivre le lien vers la setlist pour plus de détails), en version sur-concentrée, c’est à dire moins de trois minutes par chanson, comme s’il fallait compresser les sardines pour toutes les faire rentrer. Au final, le concert qu’on nous avait promis super long n’a duré qu’une heure et demie et n’a motivé qu’un seul rappel : « Horse With No Name », œuf corse ! Moi qui suis habitué aux concerts de prog de près de 3 heures, j’étais un peu déçu mais avec le recul, il faut quand même avouer qu’il n’y a eu aucun temps mort et les chansons étaient si courtes que si l’une d’entre elles te déplaisait (par exemple « Driving » ou « Corwell Blank »), tu n’avais pas beaucoup à attendre avant qu’elle ne finisse et qu’un de leurs tubes ne suive. Berkley qui parle plus que Bunnell mais ne chante plus aussi bien que lui, nous a raconté quelques anecdotes et m’a appris que ces fils de militaires s’étaient rencontrés en Angleterre, avaient fait la première partie de Pink Floyd (j’imagine la gueule des fans de l’époque !!) et que George Martin (celui des Beatles, oui madame) avait été leur producteur pendant de nombreux albums, enfin bref, un puits de science !
Mais je parlais d’originalité me feras-tu remarquer, et bien justement te réponds-je, ils ont repris « Eleanor Rigby » des Beatles et « California Dreamin’ » des Mamas And Papas, deux chansons qui collent parfaitement à leur style très vocal harmonies. A ce propos, les trois musiciens qui les suivent (et sans doute sont payés pour cela) apportent beaucoup à l’ensemble : Steve Fekete, multi instrumentiste de talent et nouveau venu, nous fait un show guitar hero à la limite du « hors sujet » sans jamais dépasser la mesure. Richard Campbell à la basse depuis 2003, remplit son rôle avec classe et réserve et suit la partition des basses fréquences comme si c’était du Bach. Enfin Ryland Steen à la batterie depuis 2014 chante les parties aiguës créées naguère par Peek. A eux cinq, ils nous forment un véritable petit ensemble vocal du meilleur effet et les harmonisations des albums sont restituées avec enthousiasme et brio. Si j’avais un petit bémol du côté de la réserve à présenter devant Saint Pierre, je parlerais sans doute de la sonorisation qui était trop criarde et pas assez équilibrée entre les instruments. Mais nos America avaient l’air d’en être suffisamment contents pour nous en faire l’éloge en live alors que nous n’avions rien demandé. Ce n’est donc pas moi qui vais jeter la première pierre…. En tout cas, quel bon moment mon épouse et moi-même avons passé à ressasser en musique mes souvenirs de 3ème en réalisant que mon fils, en seconde, est plus vieux que je ne l’étais quand j’ai découvert ce groupe.
Sur ce, l’infirmière me somme de prendre mes médicaments avant de passer à la toilette assistée, de mettre la couche et d’éteindre la lumière pour un bon gros dodo. Comme la prochaine fois que je sors de l’hospice, c’est à l’occasion du concert de Yes, en mars, dans la même salle, et dont je te parlerai sans doute si je suis toujours là, autant te dire que je vais être bien sage et bien obéissant. Il est gentil le papi, à bientôt Jean Pierre.