Les archives du live : Peter Gabriel à Paris Bercy le mercredi 14 mai 2003

Peter Gabriel en concert à Paris Bercy le mercredi 14 mai 2003

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En 1995, le Secret World Tour de Peter Gabriel révolutionnait le monde musical par ses incroyables trouvailles visuelles. À l’époque, deux scènes distinctes représentaient l’homme et la femme, et le groupe passait de l’une à l’autre au gré des chansons. Le résultat était splendide et le spectacle total. Huit ans plus tard, ce grand monsieur du rock, devenu chauve et bedonnant, n’a rien perdu de son formidable charisme. Évoluant comme un poisson dans l’eau sur l’immense plateau tournant posé en plein centre de Bercy, l’archange Gabriel a en effet délivré, en ce 14 mai 2003 mémorable, un gig absolu­ment exceptionnel.

Après deux premières parties de grande qualité (Sevara Narzakhan, combo ouzbek d’electro-world conduit par une chanteuse absolument divine, puis The Blind Boys Of Alabama, dont le mélange de gospel, de blues et de soûl a enflammé un POPB plein comme un œuf), le Gab’ est apparu seul au piano, ouvrant le bal avec le titre sur lequel il avait terminé ses concerts de 1994 : le sublime « Here comes The Flood ». Progressivement rejoint par ses talentueux acolytes (Ged Lynch à la batterie, Rachel Z aux claviers, David Rhodes et Richard Evans aux guitares, Mélanie Gabriel aux backing vocals et enfin Tony Levin, « le bassiste le plus respecté du rock » dixit Peter Gabriel himself), le maître de cérémonie a, dans la foulée de cette introduction intimiste, effectué une plongée en apnée dans les abysses du désespoir avec ce diamant noir qu’est « Darkness ». Le public, enthousiaste et connaisseur, a, dès lors, été irrésistiblement scotché par le rythme effréné de la set-list et l’ingéniosité prodigieuse de la mise en scène (en sus du gigantesque OVNI central tournant sur lui-même, deux écrans géants projetaient en permanence des images des musiciens filmés au cœur de l’action). Époustouflés par les exploits techniques de Tony Levin sur « Red Rain » puis grisés pas la leçon de derviches tourneurs proposée par 1a formation sur Secret World, les spectateurs se sont offerts une pause nostalgique avec l’aérien « Sky blue », sur le final duquel les Blind Boys of Alabama ont fait chavirer les âmes les plus endurcies.

GrowingUp

Après ce court répit, la foule a été littéralement renversée lorsque Peter et sa fille Mélanie ont interprété « Downside Up »… à l’envers, sous une étonnante scène-ascenseur ! La suite du spectacle allait s’avérer du même niveau avec une mention spéciale pour « Animal Nation » (inédit bien pêchu, écrit dans un zoo new-yorkais lors d’une jam avec des singes bonobos !) et « Growing Up », morceau de bravoure durant lequel Peter Gabriel a mimé la vaine destinée d’un hamster tournant sans fin dans sa boule de jeu. Inoubliable, au même titre que la fameuse cabine téléphonique d’où il apparaissait, dix ans plus tôt, en ouverture du Secret World Tour ! Impossible également d’oublier les mines extatiques des fans lors du somptueux « Signal To Noise », final grandiose de lyrisme et d’émotion. Après deux premiers rappels énergiques en diable (« In Your Eyes », interprété en compagnie de Youssou N’Dour, et « Come Talk To Me »), Tony Levin et Peter Gabriel (aussi complices sur scène qu’amis dans la vie) allaient clôturer les hostilités avec le bouleversant « Father And Son », évoquant avec pudeur et sensibilité un père trop longtemps négligé. Un concert rare, une vraie rencontre entre un artiste et son public, et plus de 2h40 de musique dont on ne sort décidément pas indemne. De quoi donner l’envie de suivre la tournée de ce grand homme de musique et si généreux, frère d’humanité de l’autre côté de l’Atlantique… ou tout au moins d’attendre avec une réelle impatience la prochaine !

Bertrand Pourcheron & Fred Natuzzi


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Set-list :

Here Comes The Flood
Darkness
Red Rain
Secret World
Sky Blue
Downside Up
The Barry Williams Show
More Than This
Mercy Street
Digging In The Dirt
Growing Up
Animal Nation
Solsbury Hill
Sledgehammer
Signal To Noise

Rappel 1 :
In Your Eyes (avec Youssou N’Dour)
Rappel 2 :
Come Talk To Me
Rappel 3 :
Father And Son

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