Leo Courbot – Passion At A Distance

Passion At A Distance
Leo Courbot
Auto-Production
2024
Lucas Biela

Leo Courbot – Passion At A Distance

Leo Courbot Passion At A Distance

Avec son premier album paru en 2021, il paraissait évident que le chanteur/guitariste/compositeur Leo Courbot, originaire de Belgique, était attiré par les sonorités funk du Kid de Minneapolis. Par ailleurs, avec les notes incandescentes de la guitare de notre Bruxellois, l’esprit de Jimi Hendrix n’était jamais très loin non plus. Qui dit funk et rock psychédélique dit Funkadelic. Cette dernière influence semble d’ailleurs bien plus évidente sur le deuxième album, Passion At A Distance, objet de cette chronique. En effet, d’une part les boîtes à rythme ont été échangées contre une batterie, offrant par là-même un son plus organique et délivré du corsetage électro-funk qui entravait notre ami. D’autre part, l’ombre d’Eddie Hazel plane cette fois-ci sur la guitare. Mais ne résumons pas cet album à quelques influences. Les ambiances sont en effet variées comme vous allez le voir plus loin.

Car oui, loin des « funèbres horizons » évoqués dans « Cantique Des Quantiques », le discours musical de Passion At A Distance offre des horizons aux dégradés de couleurs aussi nombreux qu’un arc-en-ciel. Autour de la thématique du cosmos, ce sont certes des effluves funk qui émanent de cet univers, mais c’est vite oublier la soul et le doo wop cotonneux qui inflitrent « Geodesic ». Et comment détourner le regard (ou plutôt l’oreille) du reggae épicé qui relève le goût de « Cantique Des Quantiques ». Je parlais du côté organique rendu par la batterie. Sur la plupart des morceaux, il s’agit de Mehdi Bennadji, déjà présent à la programmation sur un titre du premier album. Son jeu est tout aussi large que le spectre de couleurs de l’arc-en-ciel (encore lui !). En effet, sur « Dark Matter » (même si, je vous le concède, on évacue la thématique de la couleur dans le titre), nous retrouverons les syncopes auxquelles des formations comme The Meters ou Booker T. & The MG’s nous avaient habituées. Ailleurs, comme sur « Electron Clouds », nous avons droit à ce groove à taper des mains digne d’un John Robinson. Enfin, c’est sur un terrain plus confidentiel que le batteur nous amène sur le douillet « Geodesic ».

Leo Courbot Passion At A Distance Band 1

Sur d’autres pistes, preuve de l’aura dont il bénéficie à l’international, Leo Courbot a invité pas moins de quatre batteurs de premier plan. Le premier, et non des moindres puisqu’il a joué avec Prince, Michael Bland, nous régale des mesures prudentes de son instrument sur un « Wormholes » au clair-obscur saisissant. Leo y interprète en effet un Docteur Jekyll & Mr Hyde des temps modernes, un peu comme si David Bowie s’invitait sur la face sombre, et Prince sur le côté éclairé. Le second batteur invité, Gene Lake, que les fans de Meshell Ndegeocello connaissent, amène un peu de fantaisie sur l’hymne funk infatué « Imaginary Number ». Sur le chaloupé « Cantique Des Cantiques » c’est à son compatriote Stéphane Galland que Leo a fait appel pour donner corps aux rythmes reggae. Enfin, pour donner un côté amusé au déterminé « The Quantum Quake », notre fan de Prince a recruté Pat Dorcean. Celui-ci a collaboré entre autres avec Ida Nielsen, une bassiste dynamique qui m’en avait mis plein la vue l’année dernière à La Cave d’Argenteuil.

Avec cinq batteurs aux horizons divers (encore ces fameux horizons !), vous allez me dire que l’album doit manquer de cohérence. Il n’en est rien, chacun a été biberonné aux maîtres du funk et a su s’approprier ce langage. Et au contraire, chacun d’eux, par son jeu, apporte sa pierre à l’édifice que construit Leo. Cet édifice présente une façade riche en ornements funk, et l’intérieur y est paré de belles interventions de guitare de notre Belge, aussi bien pour soutenir la structure que pour la décorer avec goût. La voix viendra appuyer l’identité de chaque chambre. Ainsi, on pourra être dans des tons discrets comme sur le brumeux « Dark Matter » ou encore sur le soyeux « Geodesic ». Dans ce dernier, on notera en outre un beau dégradé. En ouvrant d’autres pièces, comme le pimpant « The Girl With The Celestial Soul » ou l’enjoué « Electron Clouds », c’est l’extravagance qui nous sautera aux yeux. Il serait intéressant de voir comment Leo arrive à jongler avec sa voix et sa guitare sur scène, car sur album leurs interventions respectives dénotent un travail d’orfèvre et une certaine difficulté d’exécution. En effet, sur le plan de la voix, on ne peut s’empêcher d’admirer cet équilibre délicat entre les graves et les aigus, rehaussé de chœurs certes furtifs mais indispensables au relief. Quant à la guitare, tel un diamant que l’on tournerait et retournerait, elle nous éblouit autant dans ses côtés affectueux (les notes soyeuses de « Multiverse (We Come As Specters) ») que ceux plus vifs (les « licks » fantaisistes d’ « Electron Clouds»). Et elle le fait en plus de donner de l’eau au moulin rythmique et d’exécuter des solos qui volent tels des oiseaux bien repus.

Leo Courbot Passion At A Distance Band 2

A travers Passion At A Distance, c’est une relecture moderne du funk que propose Leo Courbot. Sa vision large de ce langage musical et ses invités prestigieux alimentent son kaléidoscope. Il peut ainsi nous proposer une œuvre chatoyante et vibrante, qui, à l’image de la pochette « cosmique » de Philippe Caza, permettra d’avoir la tête dans les étoiles, tout en gardant les pieds sur terre.

https://www.facebook.com/LeoCourbotMusic/

 

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