Kryfels – Lifecycle

Lifecycle
Kryfels
2016
PWM

Kryfels Lifecycle

L’écoute, même en survol, des compositions de Kryfels, de son vrai nom Richard Rafaillac, ne laisse aucun doute sur ses rapports étroits avec sa profession de photographe, et notamment son goût pour les paysages profonds, larges, spacieux et dominés par des cieux impressionnistes. Il y a dans ses musiques le même sentiment de voyage immobile dans un lieu immense, apparemment vide et plus ou moins serein ou inquiétant selon les cas. La question est cependant celle-ci : voyage-t-on plus « auditivement » dans les musiques de Kryfels que celles-ci nous font vagabonder « intérieurement » en esprit ? Sûrement est-ce lié et simultané. Et c’est ce qui confère aux titres de ce compositeur leur climat si particulier, à la fois statique et mouvant, sans artifice et cependant profond. De fait, Lifecycle est une exploration assumée de la lenteur, un retour militant à la simplicité, une réflexion rivée sur l’essentiel. Less is more. Cet album en est une éclatante démonstration.

L’autre évidence attachée à Kryfels est son amour exclusif pour les synthés et les claviers purement analogiques. Et la liste de ses possessions en la matière est impressionnante, allant du Korg MS20 monophonique au Yamaha CS50 polyphonique en passant par l’excellent Roland SH5, l’extraordinaire Korg Monopoly et le fabuleux Roland Jupiter 4. Et là je ne parlais que des synthés. Mais la liste contient aussi le très enviable Eminent Solina et le légendaire Farfisa Synthorchestra. Voilà l’essence du son des albums de Kryfels, et quelle essence ! Car l’analogique possède ce grain de son riche, complexe, nuancé, bref, inimitable, qui ravit immanquablement l’oreille. A noter aussi la présence d’un Roland System 100, et plus exactement du clavier/synthé 101 et du séquenceur 104. C’est l’explication des quelques jolies séquences qui embellissent encore ce Lifecycle décidément très intéressant.

kryfels

Je ne suis pas le premier à le dire, mais puisque cela me frappe d’une manière identique, allons-y en disant que la musique de Kryfels, et notamment ce nouvel album, rappelle sérieusement la période de Klaus Schulze située plus ou moins immédiatement avant l’acquisition de son gros modulaire Moog. Non pas que Kryfels ait forcément une attirance particulière pour Blackdance et Picture Music, ce serait plutôt dû à la liste de ses claviers purement analogiques et à leur utilisation en mode atmosphérique. Pas étonnant cependant que les albums de Kryfels soient inscrits au catalogue du label nantais de musique électronique progressive PWM, très prisé des admirateurs de Klaus Schulze, de Tangerine Dream et des amoureux des synthés vintages.

Mais, je permets d’y insister encore, le rapprochement avec les albums Blackdance et Picture Music de Schulze n’est que fortuit, la musique de Kryfels possédant sa forte identité et une indéniable originalité.

Frédéric Gerchambeau

http://asso-pwm.fr/artistes/kryfels/

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