KK Null / Z’ev / Chris Watson – Number One

Number One
KK Null/Z’ev/Chris Watson
2005
Touch Records

Number_One

Il me semble impossible de passer outre cette entité sonique. Et pourtant, il est des albums qu’on n’ose pas trop s’approcher. Non pas par leur violence ou leur aridité mais par leur caractère immatériel, leur liberté de ton… Difficile de s’y résigner, mais il faut bien que je vous parle de Number One. Réunion de trois grands noms de la musique électronique, Number One a tout de l’arlésienne. Des styles antithétiques, des compositeurs ayant un baguage culturel et sonique bien chargé. Trois manières de faire en un seul album. Pour faire court, on a KK Null (Kazuyuki Kishino), musicien où la musique électroacoustique mute en une charge sonique d’une intensité impressionniste sans égale. De l’autre Z’ev, que je ne présente plus. Et enfin, Chris Watson (j’en parlerai plus longuement ultérieurement), spécialiste et esthète des field recordings prise directe de sons environnementaux).

Ecouter Number One, c’est se plonger dans un territoire vierge. C’est se confronter à des éléments d’une abstraction subtile et bouillonnante. Un magma en constante construction, mouvant, entrelaçant et en même temps si contemplatif. C’est le mélange improbable entre chant d’oiseaux, grenouilles d’Afrique (entre autres) avec une électronique acérée, parfois rythmique, ni stridente, ni apaisée non plus, où surnagent comme par taches percussions discrètes et néanmoins essentielles. C’est la création d’un univers sonore à la spatialité parfaite, vivant, ayant sa propre autonomie fait de micro-organismes donnant naissance à d’autres organismes dans un équilibre léger, fragile, fugace… C’est la démultiplication de fragments s’interposant, se côtoyant, s’unissant dans un désordre de marques lumineuses et chromatiques. Lancées, crachées dans des salves simples et précises, ondulantes, se rétrécissant, se durcissant en fonction des interactions. C’est fluide comme le vent, liquide comme une mare réagissant à une ondée matinale. C’est une relation distante mais jamais à perte de vue, physique mais se perdant dans une abstraction de signes impressionnistes. C’est un peu tout ça Number One en fait. C’est la corrélation entre trois musiciens confirmés. C’est l’électronique qui devient naturante et la nature qui mute vers l’électronique. C’est une émotion, un torrent de sensations qui touche au cœur et à l’esprit. C’est un must-have. C’est de l’essentiel. C’est un bijou.

Jérémy Urbain (9/10)

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