Kill Her First – Kill Her Sexismracismhomophobia First
Krod Records
2014
Quand trois donzelles choisissent le patronyme Kill Her First comme nom de groupe, on s’attend à quelque chose de très percutant et là, pas de surprise. Elles sont encore toutes les trois bien vivantes pour charrier un punk efficace aux mélodies accrocheuses qui dérape de temps en temps vers le metalcore.
Après une dizaine d’années d’existence, elles ont intégré à leur groupe leur bassiste et leur batteur de session pour former un quintet teuton bétonné. Mais ne nous leurrons pas, ce sont bien les filles qui portent la culotte et qui affichent très clairement un discours contre toutes les formes de discrimination. Vous l’aurez compris, elles rentrent dans le lard de l’homophobie, du machisme et du racisme, ce qui n’est pas pour me déplaire, loin s’en faut. C’est d’ailleurs la jaquette sans équivoque de Kill Her Sexismracismhomophobia qui a attiré mon regard avant que je ne pose une oreille passionnée sur cet EP de cinq titres très engagés. Abusé par une date de publication en juillet 2017 sur leur Bandcamp, j’ai même cru que KHSRH était leur dernier effort sorti tout fraîchement alors qu’il date de 2014. Or, Born To Be Strong qui lui a succédé est lui bel et bien sorti cette année mais j’y reviendrai en fin de chronique.
Si les riffs sont électriques et les tempi épileptiques, la production de KHSRH est somme toute plutôt ronde et bien léchée. Les guitares sont puissantes mais ne vous écorchent donc pas les tympans. De même, les chants de Geraldine et Giulia sont alternativement rauques, agressifs mais aussi souvent mélodiques en particulier sur les refrains.
Leurs influences sont à chercher du côté de Kittie, Funeral For A Friend, Billy Talent, etc. Kill Her First ne le cite pas mais j’y ai décelé aussi un côté Waltari de par ces alternances entre punk et mélodique.
Alors, les cinq brulots de KHSRH frappent directement là où ça fait mal mais « pas que » puisqu’un « Grace » propose plusieurs changements de rythmes, par moments mid-tempi et découpés à la hache par des breaks de batterie et des fuzz de guitare. Cependant, le titre qui résume bien le style de Kill Her First est sans conteste un « Tightrope » qui vous prend à la gorge et vous étrangle tel un condamné à la pendaison.
Ici point de soli de guitare puisque toute l’énergie de Kill Her First se déverse dans des riffs assassins qui ne feront pas plus de quartier selon que vous soyez un mec ou une fille.
Pour en revenir à Born To Be Strong, il s’agit également d’un EP mais seulement de quatre morceaux dont deux (« Nemesis » et « Tightrope ») sont recyclés de KHSRH. Alors, il ne vaut que par le côté plus affirmé metalcore des deux « vrais » nouveaux titres de cet EP, sans doute une évolution choisie par le groupe. Le chant devient tricéphale en combinant plus équitablement le punk avec le mélodique et les growls.
Si Kill Her First n’a rien de révolutionnaire malgré son côté militant, les cinq Berlinois qui le forment méritent bien plus qu’un simple intérêt d’estime car là ou certains ne s’embarrassent pas de fioritures, eux ont fait le choix de placer leur agressivité dans un écrin de qualité du point de vue de la production.
Rudy Zotche