Kid North – New Waters
Kid North
Tsunami Addiction
Il y a quelques mois, Natas Loves You avait électrisé les dance floors avec sa pop lumineuse et vivifiante. Aujourd’hui, c’est au tour de Kid North de me refaire le même effet : écouter en boucle leur second et formidable opus New Waters. Auparavant quintet, maintenant trio, Axel Dallou, Gary Royant & Gregory Hoepffner proposent une electro-pop à la fois dansante, planante et mélancolique. Un mélange du groupe sus-cité et de OMOH, autre formation à suivre, pour le côté electro « rétro ». Une indie pop française chantée en anglais, qui aurait digéré M83, un peu de Tame Impala, ou même du post-rock, voire du rock progressif. Un vrai mélange de genres, sans perdre de vue l’efficacité. Car même si les ambitions sont grandes, Kid North est prêt à conquérir les radios et le grand public, ou tout du moins les aficionados du renouveau electro-pop. Des mélodies imparables quasiment à chaque titre, une instrumentation très travaillée, des petites trouvailles par-ci par-là, et une fraîcheur frisant la (fausse) insouciance, tout cela nous emporte dans un tourbillon d’émotions, entre grands espaces balnéaires et introspection personnelle.
Le premier titre, « Gold » s’inscrit comme un classique instantané, avec claviers vintage, ambiance electro-pop, et une énergie contagieuse, avec une pointe mélancolique planante qui touche en plein cœur. S’ensuit « Geometrical », aérien et dansant, avec des guitares magiques. « Rip Tide », plus posé, convoque les esprits indie rock d’un The War On Drugs et pourrait même rejoindre le dernier univers en date d’Arman Méliès sur Vertigone avec ce son de guitare acéré et efficace, hérité du post. « R222 » est plus synthétique, et plus complexe qu’il n’y paraît. Il se déploie au fur et à mesure, tire son épingle du jeu et ravira les fans de new wave mélancolique. « Spirals » fait remarquer l’étonnant travail sur les voix et les harmonies, avant de s’envoler dans une cavalcade rétro electro réjouissante.
« The Hours » serait presque le titre le plus passe partout s’il n’y avait pas ce saxophone sorti de nulle part en plein milieu du morceau. « Future Ghosts » ramène vocalement et brillamment aux premiers Tears For Fears dans un moment plus calme, plus centré sur l’émotion. Addictif et même impressionnant. « New Waters » repart de plus belle dans l’electro-pop dansante, voix Curt Smith à fond, en variant les ambiances sur quasiment 6 minutes. Un trip fabuleux. « Cheval Sauvage » et « Hands Closed », malgré une interprétation travaillée, sont un peu en dessous des autres compositions car elles restent trop en territoire connu pour convaincre complètement. Par contre, « Then Alpha » qui clôt l’album, retrouve l’énergie efficace mâtinée de lignes aériennes prenantes qui caractérise si bien l’ensemble des morceaux.
Les parisiens de Kid North sont assurément maîtres de leur son. Avec New Waters, le trio nous offre un opus furieusement addictif, qui prouve que le mélange electro, pop, new wave, post et progressif est possible, et ce même chez des artistes français. Ils ont digéré leurs influences, et ont réussi à sortir un album moderne, dans l’air du temps, intelligent, et qui devrait trouver sa place dans le paysage musical actuel. C’est tout le mal que l’on peut leur souhaiter !
Fred Natuzzi
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