Jupiter Down – The Hell Inside My Head
Autoproduction
2017
Jupiter Down – The Hell Inside My Head
Quelle serait votre réaction si l’un de vos potes se tournait vers vous en vous adressant un vibrant « Cry For Help » ? On vous laisse le soin de cogiter, mais en ce qui nous concerne, à C&O, le côté solidaire joue pleinement.
Ainsi, quand Pascal Bouquillard, l’un de nos chroniqueurs, nous a fait parvenir les sept titres de The Hell Inside My Head, LP initial de Jupiter Down, nous nous sommes empressés d’y poser une oreille attentive.
Oh ! Bien sûr, par question de nous compromettre en perdant par copinage notre indépendance de ton et de pensée (vous pourrez en juger ci-après). Cependant, au-delà de l’envie de faire plaisir à notre petit cachotier de Pascal (il ne nous avait pas dit un traître mot de la prévision de sortie de l’album), ce premier jet possède déjà tellement de qualités que de toute façon, il aurait retenu notre attention pour figurer dans nos colonnes.
Alors, comme pour À Ciel Ouvert… de Grandval, nous nous sommes mis à deux pour « briser les barrières » de cette galette.
Jupiter Down est un trio instrumental classiquement emmené par un « guitar hero » appuyé par une section rythmique basse / batterie.
Là où ça devient très intéressant, c’est qu’Austin Livingston ne cherche pas à en mettre plein la vue à coup de shreds joués plus vite que son ombre. Ses rythmiques sont sans faille et ses soli d’une justesse diabolique. Il est également le compositeur du groupe et possède un sens inné de la composition. Alors si Jupiter Down ne veut rien dire en soi, sa musique parvient à titiller les sens et à susciter très régulièrement des frissons de plaisir.
Il faut dire aussi que le combo a la chance de posséder en Russel Lee un batteur exceptionnel ayant œuvré en studio avec The Pineaple Thief et utilisant la double grosse caisse avec parcimonie mais toujours à bon escient (« Breaking The Barriers », « Tears And Shadows », « Hell Inside My Head »). Il a aussi la chance de posséder un remarquable bassiste sauf que… Mais où es-tu passé, Pascal ? En effet le mix d’un ingénieur du son à qui on a dû oublier de dire qu’il s’agissait d’un trio a pratiquement gommé tous les arpèges de basse. Du coup, le talent de Pascal est presque mis aux oubliettes et ça fait mal quand on sait ce que notre acolyte a réalisé en particulier dans le groupe progressif Saens (Avec trois albums au compteur). Tout au plus, on peut l’entendre sur la superbe ballade « Relearning To Breathe » où il apporte une ligne rythmique ondoyante en alter ego d’une guitare très planante. Un joyau que ce titre qui possède une seconde vie quand les riffs se renforcent !
Puisque l’on parle de ballade, impossible de ne pas frémir d’émotion sur la fin de ce LP pour l’enchaînement du titre précédent avec « New Beginnings », un titre un tantinet plus lourdingue car surfant par moment sur une rythmique syncopée metal prog. Il est vrai que le hard rock a donné à la planète les plus belles ballades qui soient.
Le groupe originaire de Charleston (en Caroline du Sud) prétend évoluer dans le metal progressif mais si le propos de The Hell Inside My Head est en général plus massif que les ballades précitées, il est plutôt du genre à naviguer entre les eaux du hard rock et celles du metal. Charpenté donc, mais ni trop agressif ni hyper technique comme l’illustre bien le titre « Tears And Shadows ».
Jupiter Down joue également souvent sur les oppositions entre une rythmique d’airain et une guitare somme toute assez aérienne (« Cry For Help »).
Le titre phare de cette galette, judicieusement choisi par le groupe pour être mis en avant est le bandant « Hell Inside My Head » avec des soli frisant parfois l’orientalisme.
Austin Livingston assume pleinement le choix d’un album 100 % instrumental. Pour autant, il ne parvient que partiellement à juguler le défaut de la cuirasse, à savoir que l’absence de chant engendre une certaine linéarité à son écoute. On se prend à penser que si le talent de compositeur d’Austin était également mis au service d’une voix de qualité, nous aurions eu droit à un The Hell Inside My Head qui aurait tout cassé. Il y a peu de chance que ceci arrive car notre « guitar hero » est sourd aux chants des sirènes qui lui disent qu’un groupe instrumental n’atteindra jamais la notoriété qu’il mérite.
Néanmoins, nous ne boudons pas notre plaisir à l’écoute de sept titres très différents dans leur construction et magiquement interprétés, ce qui sauve cette production d’une possible monotonie. L’émotion qui transpire dans chacun des arpèges de guitare n’y est certainement pas étrangère non plus. Espérons seulement que la basse de Pascal trouvera la place qu’elle mérite au sein des futures productions de Jupiter Down.
Rudy Zotche & Henri Vaugrand