Aleph – In Tenebra
Fuel Records
2005
Comment définir les compos d’Aleph ? Ce groupe est bien difficile à cerner. Alors on se documente et l’on apprend qu’Aleph est la première lettre de l’alphabet hébreux. Elle signifie étymologiquement « taureau ». Son origine remonte à l’alphabet phénicien. Mais avec tout ça on est bien avancé. Ah oui, c’est aussi la seule lettre de l’alphabet hébraïque qui ne se prononce pas du tout. Alors on parle de « chant silencieux du aleph » et l’on apprend qu’il faut savoir créer le silence avant de pouvoir écrire de la musique.
Vous me direz, « plonge toi dans leur CD In Tenebra pour comprendre » mais, ces premiers mots de ma chronique, je les ai écrits justement après m’y être plongé. Cet album mérite bien son nom. Il est très dark et après l’avoir écouté, je suis toujours « dans les ténèbres » sauf peut-être qu’il me semble avoir compris qu’Aleph adore opposer des parties très planantes à d’autre beaucoup plus bourrines.
Le premier titre m’a fait penser qu’il s’agissait de dark ambiant mais à l’écoute du second, très musclé, on aurait plutôt dit une très longue plage de thrash. Sur ces deux morceaux, je n’ai pas vraiment kiffé le chant de Dave Battaglia, trop décalé à mon goût.
Je dirais que j’ai véritablement accroché à ce CD à partir du 3ème titre intitulé « Depths ». Le chant y est certainement pour beaucoup car plus en rapport avec la musique. La qualité des thèmes de cette compo très progressive est de premier ordre. Celle-ci évolue entre ambiant et metal progressif avec quelques parties de gratte très éthérées et d’autres, comme sur le final, faites de riffs qui prennent au corps.
Les claviers sont beaucoup plus à l’honneur sur « Mother Of All Nightmares » qui plonge de nouveau l’auditeur dans le côté sombre d’Aleph. On a vraiment l’impression d’être en plein milieu d’un cauchemar, et c’est certainement le principal atout de ce groupe que de réussir à créer des ambiances aussi prenantes. Le passage instrumental très metal prog au cœur de ce morceau auquel s’enchaîne une accélération chantée du rythme prend vraiment aux tripes. Pourtant, je préfèrerais un vrai chant encore une fois plutôt que des paroles déclamées rocailleusement. La fin de ce titre est dantesque sur un rythme doom dont profite Lorenzo Fugazzi pour plaquer quelques redoutables arpèges de gratte.
« In Tenebra », le titre éponyme, est encore plus dépressif car presque entièrement chuchoté sur une gratte acoustique avant un final très martial.
Ce CD comporte deux bonus : la démo du 1er titre puis « Acid Tears » dont les recettes sont très similaires à « In Tenebra » avec en primes des soli de gratte et clavier assez inspirés.
Je pense que vous aurez compris mon relatif désarroi avant de parvenir chroniquer cet album … anachronique. Je ne me risquerai donc pas à le définir plus précisément mais par contre, au-delà de cet effet déstabilisant, il faut noter le remarquable éclectisme dont il fait preuve et que des musiciens très doués parviennent à maîtriser sans que cela ne se transforme en patchwork. C’est donc une galette qu’il faut prendre le risque de découvrir pour le peu que l’on soit ouvert d’esprit.
Rudy Zotche
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