iamthemorning – Belighted

Belighted
iamthemorning
2014
Kscope

iamthemorning – Belighted

Quelques mois à peine après la sortie du succulent EP autoproduit « Miscellany », iamthemorning sonne une nouvelle fois à la porte de nos platines lasers, porteur dans sa besace d’une collection de quinze morceaux superbes et évanescents. Son tout récent transfert chez Kscope n’a guère eu de prise sur l’identité musicale du groupe originaire de Saint Petersbourg (Gleb Kolyadin aux claviers et Marjana Semkina au chant). Fidèle à ses idéaux artistiques de toujours, le duo russe qui évoque furieusement son injustement méconnu alter-ego allemand Rain For A Day (composé du clavier de Sylvan ainsi que de la chanteuse Miriam Schell) est effectivement parvenu, par l’on ne sait quel mystérieux tour de passe-passe, à pondre une nouvelle œuvre intemporelle. Celle-ci conjugue un profond attachement à certaines valeurs progressives « séculaires » avec un néo classicisme évoquant les plus beaux travaux de Ludovico Einaudi (ah, ces envolées envoûtantes de piano classique sur « Os Lunatum », titre teinté par ailleurs de subtiles effluves andalouses !) tout en étant soutenu par un quartet de cordes de grande qualité. Perceptible dans la recherche proprement stupéfiante d’une palette sonore chamarrée (notamment sur les quatre chapitres de la suite « Intermission ») comme dans un travail vocal très fouillé, l’ancrage profondément symphonique de la formation donne naissance à quelques moments de bravoure d’une rare intensité.

C’est ainsi que là où les premières mesures de l’excellent « K.O.S » adressent, toutes cymbales dehors (un grand coup de chapeau au formidable Gavin Harrison), un savoureux clin d’œil au défunt The Violet Hour, le somptueux « Reprise Of Light / No Light » vous prend des allures de véritable chant d’amour à la gloire de la Tori Amos des débuts. A portée de mesure de ce rock de chambre délicat, iamthemorning nous délivre une petite poignée de pièces résolument rock. Citons, entre autres, « The Howler » (à la section rythmique qui dépote à fond la caisse) ou encore la pièce épique « Crowded Corridors ».

Iamthemorningband

Si l’on se penche maintenant sur la structure de l’œuvre, l’on notera que des interludes aux ambiances délicates la séparent en quatre grandes thématiques. Sur le plan des interludes (nommés « Intermissions » et numérotées de IX à XIII), le premier se rapproche des moments les plus introspectifs de Kate Bush. « Intermission X », quant à lui, évoque une berceuse avec sa boîte à musique. Vient ensuite « Intermission XI » avec sa simili bande-son de thriller. « Intermission XII » présente enfin un minimalisme mélancolique éminemment Glassien, tandis que l’ultime interlude se dissipe de manière évanescente avec ses cordes pincées et la voix tourmentée de la belle Marjana.

Intéressons nous maintenant aux thèmes que les courtes séquences évoquées ci-dessus contribuent à partager. En premier lieu, nous avons droit à des mélodies pop savoureuses entrecoupées de passages troublés (« The Howler ») ou chamarrés (« To Human Misery », avec sa batterie dansante et son piano chatoyant). D’autre part, la formation nous offre des chansons aux parties vocales hantées, qui sont enveloppées d’un drap néoromantique soyeux et lors desquelles piano et cordes règnent en maîtres (la bien-nommée valse nostalgique « Romance » et la ballade syncopée « The Simple Story »).

Par ailleurs, nous sommes également plongés dans un monde féérique, que ce soit avec le cabaret à la Kate Bush (les intonations émerveillées de « 5/4 ») ou par le biais de mélodies aux atours magiques (glockenspiel, xylophone) de « Crowley Corridors ». Sur cette pièce de choix, la versatilité de la voix féminine constitue un contrepoint parfait aux aigus-graves de Happy Rhodes. Cet univers enchanteur peut également prendre la forme d’une berceuse (boîte à musique, violoncelle lancinant, percussions cycliques) comme c’est le cas sur le splendide « Gerda » ou encore inviter à la danse, comme sur « Os Lunatum » au piano et à la guitare toniques.

Enfin, plongeon littéral cette fois-ci, la fin du CD marque le passage dans un monde résolument aquatique (la batterie en forme de boléro sur « Reprise Of Light/No Light » ou ourlée de vagues nostalgiques sur « K.O.S »). Une œuvre d’une beauté incandescente, à déguster sans modération….

Lucas Biela & Bertrand Pourcheron (9/10)

http://iamthemorning.com/

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