Hommage à Michał Urbaniak (1943-2025)

Hommage à Michał Urbaniak (1943-2025)
Michał Urbaniak
2025
Lucas Biela

Hommage à Michał Urbaniak (1943-2025)

Hommage à Michał Urbaniak (1943-2025)

Le violoniste polonais internationalement connu, Michał Urbaniak, a tiré sa révérence. À la manière de Jean-Luc Ponty, Michał Urbaniak a marqué le jazz-fusion de sa patte virtuose. Et tel le Français, il a quitté sa terre natale pour les Etats-Unis, où il a pu côtoyer de nombreuses pointures du jazz, comme entre autres Larry Coryell, Miles Davis ou encore Michael Brecker. Dans les années 70, alors que Mahavishnu Orchestra tentait une fusion entre la musique indienne et le jazz-rock naissant, Michał imprégnait ce dernier du bagage folklorique de son pays d’origine. Mais notre violoniste était loin d’être vierge de toute activité musicale à son arrivée au pays de l’Oncle Sam. En effet, dans la première moitié des années 60, on l’a vu aux côtés de Krzysztof Komeda (alors également compositeur des musiques de Roman Polański). Pendant cette période, le virtuose du violon s’est également illustré avec d’autres musiciens polonais de premier plan, comme Andrzej Trzaskowski ou Zbigniew Namysłowski. Avec sa femme Urszula Dudziak, connue pour son chant scat, il passe une bonne partie de la décennie qui suit aux côtés de son groupe Fusion. À cette époque, Il n’oublie pas de renvoyer l’ascenseur à son ami Czesław Niemen, géant du rock progressif polonais, qui l’avait invité à la fin des années 60 sur son album culte Enigmatic. Sur cet opus, il avait alors troqué le violon pour le saxophone et la flûte, partageant les sessions d’enregistrement avec Zbigniew Namysłowski. En 1974, tandis que les autres membres de son quatuor sont allés former SBB (d’abord connu sous le nom de Silesian Blues Band, puis sous le nom de Szukaj, Burz, Buduj, en polonais, « cherche, détruis, construis »), Czesław se retrouve tout seul. Pour lui apporter son soutien, Michał a alors l’idée de mettre sur pied un groupe autour de membres de Mahavishnu Orchestra (tiens, encore eux !) et de guitaristes prestigieux tels que John Abercrombie et Steve Khan. Voit alors le jour le premier album d’expression anglaise du chanteur polonais, Mourner’s Rhapsody (dont le morceau-titre est la version anglaise de la mise en musique de Niemen du désormais fameux poème de Cyprian Kamil Norwid, « Bema pamięci żałobny rapsod » [Rhapsodie funéraire à la mémoire du général Bem]). En voilà un bel exemple d’entraide entre musiciens, très loin des querelles d’ego qui quelques mois auparavant conduisirent Józef Skrzek et Czesław Niemen à se séparer. Après son association de thèmes du folklore polonais avec le jazz-rock américain, notre violoniste expatrié poursuit sa soif d’innovation. En effet, Urbanator sera la première tentative de rencontre du hip hop et du jazz. D’autres projets verront le jour, toujours dans des directions différentes. Et puis, la comédie le démangeant, la bouille de notre musicien fait son apparition en 2012 dans le très beau film Mój Rower (mon vélo) de Piotr Trzaskalski. On y découvre alors un jeu à la fois truculent et touchant, à l’image de celui que son violon dessinait dans ses productions musicales. Vous le voyez à travers ce portrait, la disparition de Michał Urbaniak est une grande perte pour le monde artistique.

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