Hommage à Marilyn Mazur (1955-2025)
Lucas Biela
Hommage à Marilyn Mazur (1955-2025)

Tout comme le regretté Jack DeJohnette, c’est le label allemand ECM qui m’a fait découvrir l’univers singulier de Marilyn Mazur. La médiathèque du coin regorgeait de CDs de cette maison de disque, et Jan Garbarek figurait en bonne place parmi les artistes les plus représentés. Bien que décriés pour leur côté « New Age », les albums Twelve Moons et Visible World du saxophoniste brillent par la beauté confondante de leurs compositions. Sur le versant rythmique, outre la présence du fidèle Manu Katché, ce sont les interventions de la Danoise qui interpellent. Les complaintes des cymbales de cette dernière apportent une part de mystère tandis que l’enthousiasme de ses fûts nous fait traverser des contrées aussi luxuriantes qu’une forêt vierge. Mais à cette époque (la première moitié des années 90), la presque quarantenaire avait déjà un CV bien long, comme on peut le lire dans l’interview qu’elle a accordé il y a quatre ans au musicien et compositeur Anders Griffen.

En effet, même si la carrière de la musicienne a décollé à l’international avec Miles Davis dans les années 80 (on peut retrouver par la suite son nom sur près de 200 albums), ses premiers groupes Ziren et surtout Primi Band ont toujours occupé une place importante dans son cœur. C’est là que la Danoise s’épanouit pleinement, en conciliant ses différentes passions, qui outre la musique, incluent la danse et le théâtre. Cette approche de la musique n’est guère étonnante quand on sait l’amour qu’elle voue au Sacre Du Printemps d’Igor Stravinsky. Formation exclusivement féminine, permettant à notre compositrice de traiter l’harmonie et la mélodie différemment de celle des hommes, Primi Band s’est mué bien plus tard en Shamania. Invité à différents festivals, l’ensemble offre ainsi la possibilité à un public fidèle tout comme à un autre plus novice de plonger dans un univers où liberté rime avec rythmes et surprise. Ayant tâté du violon et du piano à ses débuts, notre musicienne touche-à-tout a définitivement jeté son dévolu sur les percussions. Les écoutes attentives d’albums de Cream, Frank Zappa et Miles Davis ne sont certainement pas étrangères à son choix. A travers les interventions pleines de vie et de couleurs de notre rythmicienne, c’est une véritable synesthésie qui s’opère, allant ainsi nous faire associer les sons à un feu d’artifices. Bien que le rideau que Marilyn Mazur aimait tirer enfant pour s’immerger dans l’univers de Stravinsky ne s’ouvrira plus, la musique de la percussionniste continuera à se dévoiler dans notre cœur.
Très bel hommage pour cette artiste. Je possède visible words et je ne savais pas que c’était une batteuse qui jouait dessus. Merci