Hommage à Bernie Worrell (1944-2016)
La p-funk est (à nouveau) en deuil avec la disparition de Bernie Worrell (1944-2016)
Bernie Worrell avait gagné son combat dans la catégorie des poids lourds de la musique funk, mais a été terrassé par l’insidieux cancer. Avec l’immense George Clinton, il avait jeté les fondements de la p-funk (psychedelic funk). C’est en effet la nébuleuse Parliament/Funkadelic (deux groupes pour un même line-up) qui ébranle le monde de la musique quand, à l’aune des années 70, les albums Free Your Mind… et Osmium sont publiés. Là où Larry Graham avait rapproché le psychédélisme de Jimi Hendrix de la soul d’Aretha Franklin, c’est le funk de James Brown qui croise sa route cette fois-ci. Une nouvelle fusion inédite voit le jour, et la musique du XXème s’enrichit toujours plus. Un des tout premiers musiciens de l’histoire à avoir manipulé le révolutionnaire moog, avec Paul Bley, Bernie Worrell, entouré de ses acolytes, avait une soif d’éclectisme (on se souviendra que le premier témoignage musical de Parliament, Osmium, était ponctué de clins d’œil à la country et à la musique baroque). Par ailleurs, le jeu espiègle de notre diplômé de la fameuse Juilliard School, avait contribué à barioler la musique de Funkadelic, autant que les longues nappes nébuleuses de ses claviers lui donnaient une part de mystère. Par la suite, son talent pour la création d’ambiances décalées, ainsi que pour les arrangements flamboyants, n’est pas passé inaperçu, puisque d’autres contributeurs à l’évolution de la musique moderne, comme David Byrne, Bill Laswell ou encore Les Claypool l’ont mis à contribution dans leurs productions. Un des illustres représentant de la p-funk est donc parti reprendre sa conversation au Ciel avec l’ami des débuts de l’aventure Parliament/Funkadelic, Eddie Hazel, pendant que les asticots tant admirés dans ses débuts funkadeliens se chargent de sa dépouille sur Terre.
Lucas Biela
Bernie dans ses débuts p-funk avec Funkadelic :
Bernie dans un nouveau départ p-funk avec Praxis :