Hante. – Her Fall And Rise
Hante.
Stellar Kinematics
Hante. est le premier projet solo d’Hélène de Thoury, après ses contributions aux groupes Phosphor et Minuit Machine. « Everything Is Cold Outside », c’est en essence l’esprit qui se dégage du glacial « Her Fall And Rise », profondément ancré dans la frange sombre de la new wave des années 80. A l’écoute de ce premier album de la parisienne, on comprend effectivement mieux le choix du nom du projet. Sur des mélodies automnales portées par des synthétiseurs tour à tour mélancoliques et alarmés, la voix spectrale d’Hélène nous saisit dans sa détresse implorante. Les accents déclamatoires de son chant la rapprochent d’ailleurs de l’iconique Siouxsie Sioux. De tranchantes comme une lame de couteau à entrechoquées tels des astéroïdes entrant en collision dans l’infini de l’espace, les rythmiques électroniques éveillent le souvenir d’une époque où décadence et flamboyance étaient mis sur un même pied d’égalité. Apportant des couleurs froides à cet univers, les machines et synthétiseurs arrivent néanmoins à égayer l’ambiance, comme sur « One More Dance », grâce notamment à une approche plus rythmée.
En outre, même si notre nostalgique de cold wave erre prudemment sur des terres embrumées, elle finit toujours par croiser des mélodies qui lui redonnent de l’espoir. Elle adopte en ce sens la même approche que Clan Of Xymox sur leur mythique « Medusa », à la différence qu’ici elle est seule pour distribuer les appels poignants et les mélodies evanescentes avec lesquels le duo néerlandais Ronny Moorings – Pieter Nooten avait, justement, hanté notre esprit. Hélène de Thoury nous rappelle ainsi avec son projet Hante. à quel point les années 80 pouvaient être créatives.
En effet, n’en déplaise à ses détracteurs, économie des moyens instrumentaux ne rime pas automatiquement avec indigence musicale. Ces années tant décriées sur le plan musical ont en effet prouvé que les synthétiseurs pouvaient produire des textures sonores aussi variées et aussi riches en émotion que la pléthore d’instruments déployée par les groupes de rock progressif dans la décennie précédente.
L’artiste française tisse donc des ambiances qui font certes le pont avec le « fluide glacial » d’un passé révolu, mais où la beauté des mélodies se conjugue au futur avec la désolation des contrées parcourues.
Lucas Biela (9/10)