Goran Bregovic – Music Inspired And Taken From Underground

Music Inspired And Taken From Underground
Goran Bregovic
1995
Mercury

Goran Bregovic – Music Inspired And Taken From Underground

Cinéaste aujourd’hui mondialement adulé, Emir Kusturica a connu un début de carrière relativement difficile. Jusqu’à la consécration de « Papa Est En Voyages d’Affaires » (Palme d’or à Cannes en 1985), il a beaucoup ramé, entre courts métrages underground (« Guernica » et « Les Mariés Arrivent » en 1978) et films passés globalement inaperçus (« Titanic » en 1979 et « Te Souviens-Tu De Dolly Bell ? » en 1981). Lui-même excellent musicien de jazz, ce réalisateur emblématique des Balkans a rapidement entamé une fructueuse collaboration avec le brillant compositeur Goran Bregovic qui, comme lui, reflète à merveille l’aspect multi ethnique de la désormais ex Yougoslavie (femme musulmane, mère serbe et père croate). Après un essai parfaitement concluant sur leur premier long métrage (« Le Temps Des Gitans » en 1989), nos deux sbires vont rapidement passer la surmultipliée avec le génial « Underground » en 1995 (seconde palme d’or décrochée par Emir au festival de Cannes). Cette œuvre phare, au concept aujourd’hui encore très controversé (l’histoire, vue pour beaucoup à travers un prisme exagérément pro serbe, de l’ex Yougoslavie entre 1941 et les années 90s via la vie de Blacky, arriviste manipulateur) voit notre metteur en scène préféré apparaître dans le rôle hilarant d’un marchand d’armes déjanté. Divisée en onze chapitres, la musique de son complice Goran Bregovic mélange, quant à elle, allègrement les genres et la réussite de « Undeground » lui doit énormément. Après le ska made in Belgrade de « Kalashnikov », qui vous donne envie de danser à la manière d’un Rabbi Jacob sous amphétamines, Bregovic alterne avec brio les moments d’intense plaisir. C’est ainsi que des tangos poignants (« Ausencia », fort joliment chanté par Cesaria Evara) côtoient des escapades world music envoûtantes (« Mesecina/Moonlight »), un gipsy jazz de derrière les fagots (« Cajesukrije – Cocek »), un folk slave entraînant (« Wedding – Cocek ») et un symphonisme émouvant (les poignants « War » et « The Belly Button Of The World », interprétés par l’orchestre philarmonique de Belgrade au grand complet). En un mot comme en cent, cette BOF est tout bonnement splendide d’éclectisme et d’inspiration.

Bertrand Pourcheron (9/10)

http://www.goranbregovic.rs/
http://www.kustu.com/
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