Gleb Kolyadin – Gleb Kolyadin

Gleb Kolyadin
Gleb Kolyadin
Kscope
2018

Gleb Kolyadin – Gleb Kolyadin

Gleb Kolyadin Gleb Kolyadin

Gleb Kolyadin est un pianiste russe qui forme avec Marjana Semkina le duo Iamthemorning. Un groupe qui fit sensation en 2016 en obtenant le Progressive Music Awards du meilleur album de l’année avec Lighthouse, leur troisième production. Notre duo de Saint-Pétersbourg propose une musique de chambre progressive mêlant habilement pop-rock, rythmes de jazz et romantisme symphonique. Les références à leur formation classique sont bien présentes mais loin d’être un handicap ou une contrainte. Ce savoir-faire, au contraire, est mis à la disposition d’une musique créative où s’expriment la virtuosité pianistique de Gleb et la très belle voix de Marjana qui rappelle souvent Kate Bush. C’est donc Gleb Kolyadin qui publie aujourd’hui son premier album solo éponyme avec pas mal d’invités prestigieux tels que Steve Hogarth (Marillion), Jordan Rudess (Dream Theater), Gavin Harrison (Porcupine Tree), Theo Travis (King Crimson), Nick Beggs (Steven Wilson) ou encore Mick Moss (Antimatter). Comme Iamthemorning, beaucoup d’entre eux sont issus du label Kscope, une façon habituelle et originale de promouvoir les artistes du catalogue. C’est bien évidemment le piano et la personnalité de Gleb qui vont dominer les treize compositions. La pochette, très explicite, nous montre de multiples partitions de musique, un clavier de piano avec des mains façon Heaven And Hell de Vangelis, et le portrait yeux bandés de Mister Kolyadin. Cela démarre très fort avec « Insight » et son tempo soutenu. Un peu plus de quatre minutes pour installer le côté jazz à l’européenne très présent dans la musique de Gleb. Le clavier et la section rythmique s’en donnent à cœur joie, offrant la part belle à la technique hors norme de Gavin Harrison et sa façon toute particulière d’utiliser les cymbales, une prouesse à cette vitesse. On a droit à un joli solo de synthétiseur et à une intéressante intervention du sax de Theo Travis. Du beau travail. Changement radical de climat avec « Astral Architecture » et son piano léger qui nous fait espérer Marjana au chant. C’est Mick Moss et son timbre légèrement voilé qui la remplace  agréablement un peu comme l’avait fait Mariusz Duda sur Lighthouse. C’est plaisant mais pas phénoménal. Deux courts morceaux en introduction pour deux variantes de l’écriture de Gleb.

Gleb Kolyadin Gleb Kolyadin Band1

Les cinq morceaux suivants vont s’enchaîner pour au final ne former qu’une seule et belle pièce  multifacettes. On retiendra particulièrement les deux volets de « Kaleidoscope », d’abord en impro jazz rappelant le groupe E.S.T. du regretté Esbjörn Svensson, puis en musique progressive avec flûte et solo de synthé (de toute beauté). Les autres passages vont donner l’occasion à Gleb de montrer toute l’étendue de son talent, tantôt classique, tantôt jazz, ou les deux à la fois comme sur « The Room » et sa petite touche slave qui rappelle Tigran Hamasyan. Joli intermède avec « Confluence » qui fait immédiatement penser à Erik Satie. Gleb invite Steve Hogarth à susurrer quelques mots puis nous propose une musique plus atmosphérique presque New Age. La belle réussite du disque.

La suite est constituée de petites pièces où le grand piano va donner sa pleine mesure. Un magnifique instrument joué par un formidable interprète. Par moments, on se croirait dans la pièce d’à côté au conservatoire, écoutant la répétition du pianiste et pour l’avoir vécu, profiter d’instants  de toute beauté, parfois plus émouvants que les représentations elles-mêmes. La prestation de Jordan Rudess sur « Storyteller » est peu convaincante et largement dispensable. En revanche, la seconde apparition de Steve Hogarth sur « The Best Of Days » qui termine l’album est superbe. Les fans de Marillion apprécieront certainement cette collaboration, à l’instar du Colours Not Found In Nature d’Isildurs Bane, récemment chroniqué dans Clair & Obscur.

Gleb Kolyadin Gleb Kolyadin Band2

Alors bien sûr, si on est frileux aux joutes démonstratives d’un pianiste, d’un guitariste ou de tout autre instrumentiste, cet album risque bien de décevoir et d’ennuyer. Ceci dit, c’est tout un aspect de la musique qu’il faut occulter, celui qui permet à l’artiste d’aller très loin avec son instrument, de faire corps avec lui. Pour ma part, je me sentais quelque peu orphelin des Keith Emerson, Vangelis et autre Rick Wakeman, attendant impatiemment que de jeunes talents prennent la relève. Sur cet honnête album solo, Gleb Kolyadin prouve qu’il a le profil et la virtuosité pour devenir cette icône du clavier avec ou sans sa charmante partenaire.

Thierry Folcher

http://www.kscopemusic.com/artists/gleb-kolyadin/

https://iamthemorningband.bandcamp.com/

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