Gerard – Keyboards Triangle II

Keyboards Triangle II
Gerard
2013
Musea

GerardKTII

Après trois années d’attente (la version japonaise du présent CD est en effet déjà parue depuis 2010, pour un enregistrement qui date en fait de 2001 !), le label Lorrain Musea édite aujourd’hui le deuxième volet de « Keyboards Triangle », autre album en forme d’hommage rendu aux grands héros du progressif des années 70. Le premier tome, signé Ars Nova et Gerard, deux icônes du rock symphonique japonais, s’intéressait tout particulièrement à leurs influences communes, avec entre autres des reprises en fusion de classiques d’ELP, de Rick Wakeman et des hollandais de Trace. Aussi, les deux formations puisaient pour notre plus grand plaisir dans le richissime répertoire italien de cette glorieuse époque, avec des covers fort réussies de PFM, Banco Del Mutuo Soccorso ou encore de l’exubérant et torturé Il Balletto Di Bronzo, groupe forcément culte par son essence pour les auteurs de « Keyboards Triangle ». Les combos respectifs de Toshio Egawa et de la belle Keiko Kumagai n’ont pas cédé ici à la tentation de jouer ensemble (et c’est peut être dommage) pour créer ces adaptations instrumentales, et c’est chacun de leur côté qu’ils rendaient leurs copies, avec la maestria et la folie furieuse qu’on leur connait. L’album n’en demeure pas moins une œuvre tout à fait cohérente et homogène, vu la palette sonore commune aux deux trios de l’époque, orgue Hammond poussé à l’extrême et Mini Moog en tête d’une panoplie de claviers vintages.

Nous voilà enfin aujourd’hui avec le second volume entre les mains, réalisé deux années plus tard donc, cette fois à l’initiative du seul Gerard, toujours en formule trio, mais avec pas moins de 4 invités pour se partager le chant, la grande nouveauté de ce « Keyboards Triangle II ». Le principe reste exactement le même, à la différence qu’ici, le groupe de Toshio Egawa s’intéresse au répertoire de King Crimson et de UK, avec une seule petite reprise d’ELP au compteur (le survitaminé « Knife-Edge »). L’ensemble est intéressant mais globalement moins réussi que l’ouvrage éponyme, et la faute en revient principalement à l’ajout du chant justement, qui passe du correct et relativement approprié (« 21 st Schizoid Man ») au pénible, pour ne pas dire insupportable (« Danger Money »). Côté musique, cet ensemble enregistré en studio dans les conditions du live, est toujours exécuté avec brio, avec une mention spéciale décernée à « Alaska – Time To Kill » de UK et son violon synthétique virevoltant, ainsi qu’à ce « Lark’s Tongue In Aspic Part Two » revisité de bien belle manière, et sans vocaliste, une bénédiction dans le contexte de l’album.

L’intérêt principal de celui-ci réside d’ailleurs en ces reprises de chef d’œuvres de King Crimson dont, je le rappelle, les versions originales sont dépourvues de claviers, alors que ces mêmes instruments sont ici plus qu’à l’honneur (oui je sais, vous avez lu le titre comme moi !) Signalons enfin l’ajout dans la version Musea d’un titre bonus, et pas des moindres puisqu’il s’agit du plus grand « hit » de UK, le fameux « In The Dead Of Night » présenté ici dans une relecture ma fois fort sympathique, mais hélas sans la voix chaude et expressive d’un John Wetton.

S’il ne déchainera pas forcément les passions, ce « Keyboards Triangle II » s’avère être cependant un excellent complément au premier volume du nom. On regrette quand même un peu l’absence d’Ars Nova, et la fusion tant espérée des deux groupes, ce qui aurait été un exercice fort intéressant vu le concept même du projet.

Philippe Vallin (7/10)

http://sound.jp/gerard/

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.