Gazers – Gazers

Gazers
Gazers
2013
Autoproduction

Gazers

Il était une fois, dans une grande forêt, un petit chaperon rouge. Le rouge, c’est plutôt pour la couleur de son visage et de ses fesses marquées à la branche d’un chêne bien vert. Sa Mère Grand, une sacrée emmerdeuse doublée d’une belle pourriture, lui inflige ce supplice à chaque fois qu’elle lui rend visite. Elle l’a « vue » en train de fumer des clopes au carrefour. Car elle a ses espions, ses mouchards. Et puis fouetter de la chair fraîche, quelque part, ça lui plait. Ça lui rappelle qu’elle est vieille et toute fripée. Elle ne supporte pas l’idée de cette gamine pleine d’entrain, poitrine gonflée et bien ronde, qui croque la vie à pleines dents. Trop dur pour elle, hein Mamie ?! C’est pour elle un peu comme se voir dans un miroir déformant. Elle n’a jamais goûté à ça la Mère Grand, seulement à un mari alcoolique qui la battait dans le froid de l’hiver. Alors, forcément ça la dérange. Et pourtant, la jeune vient toujours la voir. Elle lui amène son panier de boustifaille et de pinard. Elle sait, la Mère Grand, qu’elle a besoin de ce panier, car elle ne perçoit pas de retraite. Elle sait, le petit Chaperon, qu’après les sévices vient l’argent, pour le déplacement. Et puis, quelques coups sur les fesses, ce n’est pas si grave dans le fond, ça endurcit, et tout ce qui peut emmerder cette vieille conne ne peut que lui plaire.

Sauf que la dernière fois, elle y est allée trop fort la vioque. Une balafre traverse son visage à la jeune. La morsure du froid sur son visage, c’était trop, beaucoup trop. Alors le chaperon rouge a décidé que cela en sera autrement. Qu’il ne faut pas la faire chier, plus jamais. Ça fait des années que ça dure, trop longtemps. Alors, elle mit un plan au point. Elle demanda à son copain le loup, à cause de ses poils et de son caractère asocial, de l’aider. Il accepta bien entendu. Il partit chez la Mère Grand en se faisant passer pour la jeune. Et là, il défonça la tête de la vieille conne sur le rebord de l’évier. Hein, Mamie ?! Il attendit, elle arriva. Elle était contente la jeune. Le loup en voulait plus. Au plus fort de la bagarre, alors qu’il lui avait arraché la culotte, ses doigts trouvèrent une bouteille pleine. Elle l’assomma. Plusieurs fois même jusqu’à que le sang lui sorte de la tête.

Elle pleura un grand coup sur les toilettes, et puis ses sanglots se changèrent en rires. D’abord indistincts puis francs et stridents. Elle se rhabilla tranquillement. Après avoir fait les fonds de caisse de la vieille, elle aspergea le corps de Mère Grand de pinard et de tous les alcools à sa disposition. Elle ne put s’empêcher de cracher rageusement dessus, lui montrant son visage balafré et son cul encore rouge. Elle ouvrit la porte, et, comme la petite vendeuse d’allumettes, elle craqua et embrasa un paquet entier. Elle jeta les flammes sur la mère grand.

Le feu prit vite. Elle sortit et se posta à l’écart, fumant sa cigarette. La cabane brûla, brûla, brûla. Elle ne loupât pas une miette du spectacle, bien trop court à son goût. Après tout, c’est sa grand-mère…

Jérémy Urbain (7/10)

http://gazersparis.bandcamp.com/

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