Gaza – No Absolutes In Human Suffering
Gaza
Black Market Activities
À la base, si je me suis décidé de tenter l’aventure Clair & Obscur (bon sang la gaffe !), c’était justement pour contribuer à faire découvrir le côté obscur de la force. A savoir parler des musiques qui sortent du quotidien, électroniques, drone, ambient, noise et autres, toutes périodes confondues. Mais avec une actualité vraiment pas folichonne en ce qui concerne l’année 2012, il fallait bien que mon plaisir excitatif d’écouteur inassouvi casse-couilles trouve refuge quelque-part. Je l’ai effectivement repéré, pris pour cible et harponné pour m’engouffrer dedans. La détonation mes amis, l’explosion, la rage de l’être, le déplacement des masses, la colère tonitruante ! Gaza contient tout ça. Une fureur littéralement crachée à la tronche, du hardcore chaotique, un bloc de béton armé surpuissant, une production maousse qui ne laisse aucune chance.
Gaza ratisse, étire, aplatit avec un camion d’éboueur transformé en char d’assaut. Ses guitares sont grasses, déchirantes, sa voix représente à elle seule toute l’acrimonie de l’humanité. Se battre, résister, ne rien laisser passer, ne rien lâcher, no surrender, « No Absolutes In Human Suffering » ne propose rien de bien original, et encore moins de nouveau sous un soleil hallucinatoire. Il est efficace, net et sans bavure, comme un tir de sniper en plein front. Il donne autant envie d’enfoncer un tesson de bouteille dans le cou que de se faire écraser sur un tempo plus lourd et un climat encore plus appuyé de menace précipitant l’urgence vitale et le Samu. Gaza n’est pas un programme mais une (ré)action, un réflexe reptilien qui fait planter un bout de verre sale dans la carotide, une éruption hors du siège Ikea qu’on s’est emmerdé a monter pendant quatre heures.
Sortir de sa paresse sociale, un bonheur cathartique qui se permet de citer les riffs les plus pesants de Neurosis en fin de disque. Certains disent que ce n’est plus la hype/tweet/j’aime, tout ça, tout ça… Mais qu’est-ce qu’on s’en tape le coquillard ! Bigrement attractif à s’en faire péter la panse et le trois pièces-cuisine, cette galette rend fier, donne un air méchant bien concentré dans le métro. Il n’y a pas à intellectualiser sur celui-là, seulement à le prendre tel qu’il est, sans recul plus ou moins nécessaire.
Mon salopard, le plus grand honneur que pouvait faire Gaza, c’était de rendre un peu plus ardente et exaltante notre existence. La mordre et la déchiqueter à pleine dent, sentir la fatigue, les muscles. C’est un Humanisme. Finalement, j’ai bien fait de venir à Clair & Obscur moi…
Jérémy Urbain (7,5/10)