Full Of Hell – Rudiments Of Mutilation
Full Of Hell
A389 Recordings
Au début, je pensais caser Full Of Hell dans la rubrique Minute Grind de mon emploi du temps, pour le plus grand plaisir de notre rédac-chef (ce pervers j’vous jure !). Mais, à force d’écoutes, de recherches et d’implosions d’oreilles internes (c’est que ça travaille les acouphènes), il apparait que le groupe de Pennsylvanie mérite quand même un écrit plus correct et moins rigolard. Quand on tient des gars animés par une telle énergie, prêts à fondre le bitume et ce avec un sérieux indécrottable doublé d’une exigence on ne peut plus engagée, forcément, on a moins envie de déconner. Avec une pochette de ce style rassemblant dans un collage, entre le devoir de fac d’arts plastiques et le jeu malsain d’un collégien sur son cahier de correspondance, une bonne partie des atrocités dont est capable l’être humain, on ne moufte pas trop même si on doute du résultat final. Choc ? Oui. Se prendre un coup de boule, une châtaigne, une praline, un pruneau dans la guitare, aussi bref que le télescopage laissera une marque rouge bien placée sur l’épiderme, là, au niveau de la nuque.
« Rudiments Of Hell » n’est pas bien long (une demi-heure), format standard pour tout combo de hardcore extrême, mais il cultive un malaise certain dans un torrent de boue frénétique, fangeux, volontiers chaotique sur un vague relent de charnier. Accélérations hypersoniques, lourdeur poissarde, vocaux agonisants, triturages noise, larsen… Ca crache, ça hachure, ça décape l’espace sonore, déjà fortement amoindri. N’en jetez plus ! Full Of Hell, c’est de l’intensité, une bonne part de hargne et le genou dans les bourses pour te rappeler ce que tu es… « Rudiments Of Hell », c’est élémentaire et ça t’accule dans les plus infimes recoins, ça te fait perler des gouttes de sueur même en plein hiver. La seule échappatoire, c’est sa durée. Et peut-être que là, j’eusse voulu que la plongée dans la cuvette des chiottes soit plus radicale encore, quelques minutes, pas plus. On a comme l’impression de pouvoir respirer alors que l’expression cataclysmique du groupe sur scène ne permet aucune échappatoire par la porte de service.
Mais, mais, mais, mais, pour m’avoir donné des gouttelettes pendant le trajet quotidien, sans lien avec la chaleur des transports, Full Of Hell, missile téléguidé à fragmentation, en son second album mérite une écoute d’avantage appuyée avant l’explosion de sa pleine puissance. Et mon petit doigt me dit qu’on est proche…
Jérémy Urbain (7,5/10)