Free Human Zoo – Freedom, Now!
Seventh Records
2016
Free Human Zoo – Freedom, Now!
Le projet Free Human Zoo s’est lui-même autoproclamé « Intergalactic Free Music Project ». Tout un programme ! Depuis ses origines à l’orée de l’année 2011 (selon le Milky Way Galactic Calendar) et à l’initiative de Gilles Le Rest (batteur et compositeur) et Laurent Skoczek (tromboniste), Free Human Zoo a développé librement son projet jazz-rock instrumental. Après un premier album en 2014, Aïki Dõ RéMy, le FHZ a poursuivi son ouvrage en proposant en 2016 ce Freedom, Now!, au leitmotiv sans concession. Il faut dire qu’avec le soutien de Stella Vander et Francis Linon au travers de leur catalogue « Ex – Tension » du label Seventh Records, notre septuor (puisque l’ingénieur du son Marcus Linon fait partie intégrante du groupe) a en quelque sorte le parrainage de la famille kobaïenne… Mais n’allez pas croire que Free Human Zoo n’est qu’un avatar puisant exclusivement à la source fusionnante de Magma. Le groupe, comme sa musique, sont « Free », comme le jazz du même nom, « Human » comme les palpitations et les soubresauts qui l’animent, « Zoo » pour cette passion animale qui ne supporte pas l’enfermement.
Freedom, Now! n’est composé que de quatre pièces. Mais chacune d’elle comporte trois ou quatre parties et oscille entre 9:27 et 21:47. Cela laisse le temps de développer des thèmes, d’aller, de revenir, le tout sans provoquer aucune lassitude auditive. Car, parmi les nombreuses qualités du jazz rock de Free Human Zoo, celle qui ressort de l’écoute de ce deuxième album, c’est la qualité des compositions et de l’interprétation qui font que l’on passe d’une partie à une autre sans même s’en rendre compte, comme une évidence, avec une jubilation intense. L’empreinte de la musique Zeuhl est probante dans les constructions du batteur-compositeur Gilles Le Rest (qui a dû aussi beaucoup écouter Elvin Jones), mais on sent également les influences d’Erik Satie ou Claude Debussy dans le piano de I’M’ (sans parler de Keith Jarrett) et de John Coltrane dans les échanges du trombone de Laurent Skoczek et du sax ténor aux ascendances multiples de Samy Thiebault. Pour autant, le groove très proche d’un Mahavishnu Orchestra dans ses moments les plus intenses doit aussi sa netteté à la basse fretless de Nicolas Feuger, toujours apte à ornementer les différents tempi. Enfin, comment ne pas parler du jeu et du son du guitariste Dan Decrauze, adepte de Frank Zappa et de Carlos Santana (période Devadip). Les plus progressifs d’entre nous trouveront également des filiations avec l’école de Canterbury, mais qu’importe… Ce qui est phénoménal, c’est d’avoir un groupe de ce niveau capable de produire une musique de cette qualité (ça doit être quelque chose en concert !).
Il faudrait bien des heures pour décortiquer ce Freedom, Now! pour espérer n’en rien oublier. Mais il convient de nous émanciper de cette tentation. La musique de Free Human Zoo se découvre, se savoure, et se redécouvre à chaque nouvelle écoute. On a véritablement l’impression d’avoir les musiciens à côté de soi et de vibrer à chacune de leur palpitation hybride. On y verrait presque un retour à nos chères 70s, substances illicites en moins ! À la technicité étalée et parfois dégoulinante de pas mal de groupes de jazz-rock, Free Human Zoo oppose (c’est bien le mot, on dirait presque du JIO, Jazz-rock In Opposition) de simples mélodies, des scansions jubilatoires, des envolées lyriques et des promenades bucoliques.
Sans autre collier que son désir d’émancipation et d’hybridation, le Free Human Zoo court la prétentaine musicale, butinant ses mélopées avec vigueur, enthousiasme et sensibilité. On en sort enivré de l’écoute, mais on y retournera sans cesse, aussi vrai que l’ivresse, comme l’assurait Sénèque « est une folie volontaire »…
Henri Vaugrand
http://odusseiaasso.wixsite.com/freehumanzoo