Flying Lotus – Until The Quiet Comes
Flying Lotus
Warp Records
Flying Lotus, c’est la hype du moment. C’est branché, plus vite qu’un tweet, tout en restant un tantinet obscur. C’est le buzz venu avec « Cosmogramma », précédent effort. C’est de l’indépendant qui a des moyens de communication maousses. C’est une pièce qui sort sur Warp, la maison d’ Autechre ou Aphex Twin, et qui va renflouer les caisses vite fait. Flying Lotus, c’est l’histoire d’un beatmaker, Steven Ellison, qui a réussi à se faire un nom en mélangeant le hip-hop instrumental, un esprit enfumé directement inspiré du jazz, et une petite dose d’abstraction, coupures, glitchs, gratouillis concrets faisant leur petit effet. C’est le neveu d’Alice Coltrane aux manettes, le seul de la famille à être passé du côté électronique de la Force, clip kitchs et cosmiques sur fond de planètes Star-Trek et romantisme sphérique en prime. C’est un travail d’orfèvre, rond, qui roule tranquillement et s’écoute sans trop froncer les sourcils. Du abstract/hip-hop arty, belle pochette et digipack chromé qu’on aime ouvrir et refermer. Une esthétique du fragment, suave, qui évite de se perdre dans des longueurs appuyées et ineptes, préférant la chaleur d’une esquisse légère, crayon survolant une feuille.
Ça caresse l’épiderme et ça donne envie de se prélasser sur un canapé, un verre d’alcool fort pendant à la main. Des parties allogènes, mélangées dans un cocktail magnétique étonnant. Une musique qui fait sensation en boite, je suppute même d’apercevoir les néons colorés du bar. C’est aussi des guests en pagaille qui n’apportent pas grand-chose à l’ensemble tant tout est manipulé avec classe. Une apparition de Thom Yorke, pour ceux qui ont un train de retard, et dont on se fout un peu. De la mélodie un poil trop lisse, un poil trop conceptuelle pour rameuter la terre entière, et cependant suffisante pour désigner son bagou et sa belle gueule. Flying Lotus ne fout pas la honte et se montre même ouvert d’esprit et toujours avec distinction.
Électronique chic pour construction et esprit intellectualisant, « Until The Quiet Comes » est un bien agréable moment qui réserve son lot de surprises à sourire sans raison, comme ces passages obligés et sans défis. Ça ferait très bien dans un film de Michael Mann, plan nocturne et aérien d’une mégalopole illuminée et mélancolique. Destin d’Homme dans une membrane cinématographique pour personne solitaire. « Until The Quiet Comes » est un album de fausse solitude car c’est dans le partage qui prend sa force, comme autant de rencontres fugaces sur le pas d’une porte ou le temps d’un trajet en métro. La nuit et ses projections holographiques, les vapeurs intérieures tourbillonnantes et luisantes.
Flying Lotus est un petit génie à qui il manque une véritable audace pour faire exploser l’émotion, le firmament. C’est une fresque dont on a envie de gratter la surface et qui donne envie d’en savoir d’avantage tel un premier rendez-vous. Beau, touchant et bariolé.
Jérémy Urbain (7,5/10)
http://flying-lotus.com