Fish – Field Of Crows
Fish
Chocolate Frog Records
Après un départ sur les chapeaux de roue (le brillant « Vigil In A Wildemess Of Mirrors », publié début 1990), la carrière solo de Fish était rapidement partie en eau de boudin, d’albums insipides (« Internal Exile ») en disques de reprises affligeants (« Songs From The Mirror »). Si son talent poétique hors pair et son incroyable magnétisme vocal n’avaient pas abandonné notre géant écossais, ce dernier n’avait tout simplement pas su dénicher (ou conserver, dans le cas de Mickey Simmonds) la perle rare, capable de mettre en forme mélodique ses fulgurances littéraires. Sa rencontre, en 1997, avec Steven Wilson a, dieu merci, donné un salutaire coup de pied au cul à un poisson navigant désespérément en eaux troubles. Depuis la sortie du superbe « Sunsets On Empire », fruit bigarré de son union musicale éclair avec le mentor de Porcupine Tree, « l’homme au cœur de Lothian » a en effet retrouvé une convaincante vitesse de croisière.
Dans la foulée des très réussis « Raingods With Zippos » (1999) et « Fellini Days » (2001), il nous livrait en 2004, avec « Field Of Crows », un nouvel opus poignant, sublimé par des paroles marquées au fer rouge du désespoir (les horreurs de la guerre sur « Numbers », les plaies jamais cicatrisées du divorce sur « Shot The Craw »). Mises au monde en compagnie du duo de choc Bruce Watson (guitare)/Tony Turell (claviers), les onze compositions gravées sur ce diamant noir mixent allègrement rock carton (« The Rookie »), groove tellurique (l’introduction de « Moving Targets »), blues bourré de feeling (« The Field », aux cuivres du feu de dieu), ballades diaphanes (le cristallin « The Lost Plot ») et envolées déchirantes (le bouleversant « Scattering Crows », sur lequel Fish épilogue avec douleur sur ses amours perdues et ses illusions envolées).
Au final, en dépit de quelques longueurs inutiles (« The Field ») et de certaines redites maladroites (« Old Crow » et « Zoo Class » lorgnent un peu trop ouvertement du côté de « Big Wedge » et « Mission Statement »), cette cuvée 2004 constituait une œuvre profondément humaine et touchante, habitée par une exigence in(c)lassable et déchirée d’absolu. Avec « Field Of Crows », les fans étaient aux anges, avec de quoi patienter trois ans encore jusqu’à la sortie du très fréquentable « Thirteenth Star ».
Bertrand Pourcheron (7,5/10)
Encore une belle pochette…
Matrix chez Van Gogh, ça en dit long le sens du beau !
Moi, je dis ça… je dis rien…