Feu ! Chatterton – Ici Le Jour (A Tout Enseveli)

Ici Le Jour (A Tout Enseveli)
Feu ! Chatterton
2015
Barclay

Feu ! Chatterton Ici Le Jour

Il y a des groupes qui, lorsque vous écoutez leur musique pour la première fois, vous n’arrivez pas à déterminer si vous adorez ou si vous détestez. Feu! Chatterton est de ceux-là. En fait, dès les premières notes d’Ici Le Jour (A Tout Enseveli), vous êtes envoûté par un univers cinématographique porté par la voix très spéciale, très classy, façon années 60, de Arthur Teboul, avec un phrasé précis et un vocabulaire recherché. C’est peut-être pour remettre sur le devant de la scène cette manière d’interpréter les chansons que l’on trouve le mot désuet « Feu » dans le nom du combo parisien, allez savoir ! Les intonations théâtrales marquent un relief étonnant à chaque morceau de l’album. Musicalement, on pourrait se retrouver chez Quentin Tarantino, avec des guitares étincelantes et une rythmique recherchée, ou alors dans un vieux film en noir et blanc. Bref, nous n’avons pas affaire à des rigolos qui expérimentent mais bien à un groupe soudé ayant une vision de ce que doit être leur musique, avec un coup de patte immédiatement reconnaissable. Et ça, ce n’est pas rien en France. Il n’empêche, il faut un temps certain pour rentrer dans cet univers et apprivoiser ces vignettes poétiques et (de temps en temps) virtuoses. Ensuite, on adhère complètement et on passe sur les quelques faiblesses inhérentes à un premier album, soit on déteste vigoureusement.

« Ophélie » installe de suite les velléités du groupe avec un titre 60’s rock décomplexé, et un chanteur en transe. « Fou A Lier » rappelle Ennio Morricone, dans un trip prenant. Un peu plus en retrait, « La Mort Dans La Pinède », quasi progressif, nous emmène dans un voyage étonnant sur un texte encore une fois fascinant. Le chant devient plus récité sur « Le Long Du Lethé » tandis que la musique envoûte dans une sorte de post-rock élégant. L’épique « Côte Concorde » continue sur la mouvance post du combo, et une narration à fleur de peau nous noie avec le Concorde. Superbe. « Le Pont Marie » devient plus pop et tranche avec le reste du disque. Le morceau prouve les talents des musiciens à s’adapter à tous les styles. « Boeing » étonne encore avec son electro-pop entraînante et ses chœurs féminins frôlant le psychédélisme.

Feu ! Chatterton Band

Transition instrumentale, « Vers Le Pays Des Palmes » reste électro, tandis qu' »Harlem », hypnotique, nous chronique la visite d’une messe gospel dans cette partie de New York, avec une dernière partie rêveuse. Tout le contraire du dansant « La Malinche », tube en puissance, avec ces « Aaaah Ouiiii » que personnellement j’adore, et une musique aventureuse ! « Porte Z » joue le minimalisme pour monter ensuite en crescendo, et c’est magistral. Enfin, « Les Camélias », classique instantané, dans la mouvance actuelle electro rétro, est d’une beauté fracassante. Un sommet.

On pense beaucoup à Bashung tout au long du disque par ses aspects littéraires. Mais le borner à cette référence (parmi beaucoup d’autres déjà excellentes) serait restrictif. Feu ! Chatterton réinvente un aspect de la chanson française en le mariant à un rock moderne. Marier le passé au présent, en digérant tout un pan de la culture musicale, c’est une force qui inspire le respect. De plus, le groupe se fait remarquer par de très bonnes prestations live, c’est donc très bon signe. Chapeau donc !

Fred Natuzzi

https://www.facebook.com/feu.chatterton/

[responsive_vid]

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.