Evan Bartels – To Make You Cry

To Make You Cry
Evan Bartels
MCA
2025
Lucas Biela

Evan Bartels – To Make You Cry

Evan Bartels To Make You Cry

Je vous avais parlé récemment de Nobody Jones et de l’importance que Townes Van Zandt revêtait à mes yeux dans le développement de l’univers folk/country. L’influence de ce dernier se retrouve justement à nouveau dans la musique d’Evan Bartels, un jeune auteur-compositeur-interprète américain. Et sa dernière livraison en date, To Make You Cry, tient toutes ses promesses : c’est un torrent de larmes qui nous emporte à son exposition.

De la voix confidentielle et rauque du Nashvillois s’étirent de longues complaintes mâtinées de chagrin. Autour de thèmes comme la drogue, l’alcool, les peines de cœur, le deuil ou encore la résignation, la douleur est admirablement mise en lumière par des tremblements de voix touchants. C’est dans la noirceur la plus totale et le dépouillement le plus austère, comme à travers « Montana », que cette peine prend une dimension certes retournante, mais majestueuse. Libre de tout artifice, le chant a cappella nous remue alors autant qu’il remue des souvenirs difficiles. Ailleurs, même si « Waves » semble vouloir rejoindre les rivages de « Wish You Were Here » et « Sound Of Silence », le ciel chargé de nuages noirs l’en empêche. L’effroi se lit en effet dans les trémolos de la voix et un ton sépulcral achève de diriger l’embarcation vers le cimetière de bateaux de mers finalement peu hospitalières (« Digging my own grave » entend-on).

Evan Bartels To Make You Cry band 1

Dans le ciel assombri par les notes lancinantes de guitare acoustique et les accents désabusés de la voix, une lumière cherche néanmoins à percer. Ainsi, sur « The Highway », quand le chant prend une tournure plus mélodieuse avec des paroles bercées comme un nouveau-né dans les bras de sa maman, on voit notre homme tenter de surmonter les épreuves. Et il va jusqu’à briser les chaînes de la fatalité en s’époumonant dans un appel poignant. Cette marque d’espoir, toujours sous la forme d’inflexions enflammées, se retrouve dans les autres morceaux. Elle apporte ainsi un caractère épique à l’album. Par ailleurs, telles des feux follets agités, des nuées étincelantes de slide se faufilent entre les lamentations de la six-cordes. Sur « Lula », quand leur lumière chaude met en valeur la beauté d’un refrain à fondre en larmes, elles sont alors particulièrement émouvantes.

Evan Bartels To Make You Cry band 2

Avec force émotion, Evan Bartels parvient au travers de six portraits à partager des tranches de vies brisées qui tentent de se reconstruire. Un peu à la manière de James Ensor et de ses masques grotesques, les vices de la société sont mis en évidence avec certes moins de spectacle, mais avec tout autant d’expressivité.

https://www.facebook.com/TheEvanBartels/

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