Esthesis – The Awakening
Autoproduction
2020
Rudzik
Esthesis – The Awakening
Après nous avoir gratifié du très prometteur EP originel Raising Hands, Esthesis revient nous réveiller en douceur avec son premier LP The Awakening. Rappelons qu’il s’agit du projet très personnel d’Aurélien Goude, multi-instrumentiste et leader du projet (chant, claviers, guitares, basse). S’il a pour objectif de l’inscrire dans la durée en sortant ce LP, mais aussi en le portant sur scène (tant bien que mal par les temps qui courent), le Toulousain, confronté également à des problèmes d’éloignement géographique, a fait appel à trois nouveaux comparses pour l’entourer, à savoir Baptiste Desmares (guitare solo), Marc Anguill (basse) et Florian Rodrigues (batterie). S’il revendique toujours une filiation forte avec l’ex bande à Steven Wilson, il montre une approche plus personnelle sur The Awakening, mais dévoile également d’autres influences moins perceptibles sur Raising Hands.
Esthesis joue résolument la carte de l’ambient sur des plages alanguies dont la durée est d’une dizaine de minutes en moyenne, la palme revenant à « Downstream », un premier titre outrepassant le quart d’heure. Il faut dire que si Aurélien a pris son temps pour monter ce projet, il le prend également pour développer ses morceaux. Alors il faut se laisser transporter par ce flux musical indolent qui, telle une péniche sur le Canal du Midi, nous emmène lentement et sûrement vers l’aval du fleuve d’Esthesis. Ce « Downstream » est tout du long rythmé par un piano hypnotique et un chant aux accents renvoyant au défunt Anathema (ce groupe mythique a annoncé cet été, au grand dam de ses fans, qu’il jetait l’éponge). On remarque le jeu de guitare très touchant de Baptiste Desmares plus axé sur les slides planants que son prédécesseur
Ensuite, « No Soul To Sell » apporte des touches metal et groovy qui permet à Esthesis d’éviter le piège de la lassitude, car, et c’est mon avis, trop d’ambient tue l’ambient. On y remarquera beaucoup le travail de la section rythmique qui assume ses responsabilités en matière de consistance sonore en contre-point de claviers toujours très planants. Les trois parties assez distinctes d’« High Tide » définissent parfaitement le périmètre musical d’Esthesis avec un démarrage progressif façon Pink Floyd qui semble succomber d’une belle mort à mi-titre, mais dont le piano impulse une renaissance ambient l’amenant vers un sympathique final de guitare plus rapide et se corsant fort judicieusement.
« Chameleon » est le morceau qui paraît le plus en droite ligne de l’EP, probablement parce qu’il est celui qui renvoie aussi le plus à Porcupine Tree. Il reprend également certains éléments qui avaient contribué à donner son intérêt à Raising Hands comme la rythmique de guitare acoustique, une ambiance hispanique et l’apport d’orgue Hammond sur le final. Il est temps pour l’orageux « The Awakening » de souffler le chaud et le froid avec sa rythmique et ses pleurs de guitare hypnotiques entrecoupés de riffs plus agressifs qu’on aurait cependant aimé être renforcés en terme de production. Alors que « Still Far To Go » annonce la fin de cette expérience esthétique musicale, on mesure toute l’importance du piano d’Aurélien dans un exercice techniquement simple, mais qui relève plutôt de « la bonne note au bon moment ». Celui-ci cède sa place à un synthétiseur distordu façon Manfred Mann en fin d’album, en bien plus sage cependant.
Amateurs de rythmes effrénés, passez donc votre chemin. Par contre, si vous appréciez vous immerger dans un univers musical et prendre le temps de l’explorer, vous serez comblés. Esthesis est un kaléidoscope d’ambiances musicales qui image doucereusement l’univers de son talentueux créateur, Aurélien Goude.
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