Eloy Fritsch – Space Music
Eloy Fritsch
Musea Dreaming
« Space Music », au titre et au visuel on ne peut plus clichés, a vraiment toute les caractéristiques d’un album réalisé par un compositeur allemand des années 70/80 qui se revendiquerait du courant de ces musiques électroniques de la fameuse « école de Berlin » (Klaus Schulze, Tangerine Dream, Michael Hoenig, etc.) Pourtant, le disque dont il est question ici, est l’oeuvre d’Eloy Fritsch, claviériste et membre fondateur du groupe Apocalypse, une honorable formation brésilienne de rock progressif symphonique bien connue des amateurs du genre (même si un peu tombée en désuétude), qui a débuté sa carrière au début des années 90 et qui, contre toute attente, est toujours en activité aujourd’hui. Eloy Fritsch n’a donc rien à voir avec Eloy, le célèbre groupe de space-rock allemand, dont le sud-américain a peut-être repris à son compte le patronyme en guise de nom d’artiste, en hommage à une formation qui, de par sa nature, a forcément dû compter parmi ses influences majeures. Mystère…
« Space Music » est le troisième opus en solitaire d’Eloy Fritsch, après avoir signé deux albums de la même trempe, très implicitement liés sur le plan thématique au cosmos et à la science-fiction, genre littéraire et cinématographique particulièrement affectionné par le compositeur brésilien. S’il fallait comparer l’univers d’Eloy Fritsch à des références connues, ce serait en premier lieu à la musique du Tangerine Dream des années 80 (celle des « Tangram », « Thief », « Le Parc », « White eagle », « Logos Live » et j’en passe), dont il affiche sans vergogne toutes les composantes : utilisation de séquenceurs et de synthétiseurs analogiques, des mélodies aux sonorités vintages qui prennent souvent le pas sur la création d’ambiances, etc. Si comme moi vous n’êtes pas hermétique à ce genre d’hommage ou de revival, je vous conseillerais plutôt « Orbis tertius » de Vietgrove, un groupe anglais un peu obscur qui affichait de manière évidente, mais avec beaucoup plus de raffinement, les mêmes sources d’inspiration. Et si vous voulez encore la classe au dessus, ne manquez surtout pas les toutes premières réalisations de leurs compatriotes de Redshift (les excellents Mark, Julian Shreeve et Ian Boddy), quant à eux aussi bons que les originaux, pour ne pas dire les clones parfaits !
Mais revenons à l’ouvrage qui nous intéresse ici. Après l’introduction doucement symphonique de « Beyond The Galaxy », le ton est donné avec une ligne mélodique et une légère séquence évolutive typiques du Tangerine Dream formule Froese, Franke et Schmoelling, mais en franchement moins pro et inspiré, c’est pour dire ! On retrouvera d’ailleurs quasiment toujours ce même schéma musical durant les 47 minutes qui remplissent le CD, à quelques variations près. Le titre suivant se rapproche quant à lui davantage du Jean-Michel Jarre de « Chronologie » (on pouvait difficilement faire pire comme référence non ?), avec un thème accrocheur mais lourdingue, une rythmique programmée sortie d’un vieux bontempi et des effets racoleurs en veux-tu en voilà. On a finalement peu de mal à imaginer ce morceau interprété en live par un artiste mégalo, à grand renfort de projections d’images, de lasers et de feux d’artifices ! Sauf que sans ces artifices justement, la sauce ne prend pas, mais alors pas du tout. Tout le reste (les restes ?) de l’album est composé d’un enchainement de plages relativement courtes (entre 4 et 8 minutes maxi), faites d’une musique électronique oscillant entre le Tangerine Dream du pauvre, le Jarre le plus ringard et le grandiloquent ridicule, avec ici et là des sons d’orchestre synthétiques de très mauvais goût et des thèmes on ne peut plus pompeux. N’est pas Vangelis qui veut !
En bref, le ratage artistique est ici presque total. Si l’originalité n’y est pas, le talent du mimétisme non plus, malheureusement. Quant à la production, celle-ci est aussi cheap et artisanale que la musique sensée être mise en valeur, dommage ! Certains fans ou collectionneurs compulsifs d’ouvrages estampillés « Berlin school » trouveront peut être un certain charme à cette œuvre déconcertante du passionné Eloy Fritsch, sûrement sincère et appliqué dans son travail de composition. En ce qui me concerne, et avec tout le respect que je dois au genre et au compositeur brésilien (fort pourtant d’indéniables compétences techniques, en témoignent ses contributions majeures au groupe Apocalypse), c’est vraiment au dessus de mes forces. A voir si la suite de ses aventures cosmiques relèvent le niveau !
Philippe Vallin (3/10)
Hum ça donne envie d’aller l’écouter rien que pour se bidonner…Eloy ça c’était bon par contre ! les quatre premiers que j’ai écouté en boucle milieu des 70’s.
Ce Brésilein n’est pas le seul à faire de la daube et sonner cheap. C’est ce qui donne de la valeur aux autres bons musiciens, en tous les cas merci du signalement d’éceuil. Sympa de jouer
le cobaye !
Olivier
Salut Olivier ! Je suis bien d’accord avec tes commentaires sur Eloy, je dois d’ailleurs avoir tous les albums jusqu’à la fin des années 70, et quelques-uns parmis les meilleurs qui ont suivi. A
bientôt l’ami, et vivement le prochain Klaus Schulze, que je fasse un joli papier (envie d’étoffer un peu notre rubrique « Berlin school » 😉
A+
Phil