Edelveiss -The Rise And Fall Of Edel Veiss
Edelveiss
Autoproduction
Après la parution, en août 2007, d’un premier opus éponyme hélas passé totalement inaperçu, ce groupe original de Montréal sort aujourd’hui, en totale auto production, une œuvre au noir de fort belle facture. Adoubé chevalier à la cour du roi mélancolie, le combo abat en effet, avec ce « The Rise And Fall Of Edel Veiss » pour l’instant seulement disponible en téléchargement sur la toile, une carte digitale fort prometteuse. C’est que cette dame de pique vénéneuse célèbre, durant un peu moins d’une heure, un post rock progressif embrasé et spleenétique, qui évoque les grandes heures de Landberk ou de Mono. Adepte des suites en deux parties (« The Rise And Fall Of Edel Veiss », « It’s Alive » et « Dead-End »), la formation semble être tombée dans un chaudron de désespoir lunaire lors de sa tendre enfance. Edelveiss s’engage en effet, bannière au vent, à la conquête de landes mélodiques à la fois glaciales et torturées.
Servi par une cohésion sans faille et par un sens hors pair de l’alchimie mélodramatique, cet album de la maturité effectue, avec une délectation et un savoir-faire manifestes, de longues plongées en apnée au cœur du désespoir. Construites autour de nappes de claviers quasi floydiennes et des guitares tour à tour aériennes (« Omen ») et furieusement électrisées (« The Rise And Fall Of Edel Veiss – Part One ») de son maître à jouer Martin Ferguson (multi instrumentiste de grand talent), les huit compositions de ce petit bijou se montrent tour à tour brûlantes comme l’enfer puis recueillies jusqu’à l’ascèse du dépouillement ultime.
Faisant preuve d’une émotion et d’une densité qui sont l’apanage des plus grands (le Landberk de « Rigtik Akta » ou le Mono de « Hymn To The Immortal Wind »), Edelveiss montre ici une puissance de feu impressionnante.Vivement donc que le combo signe sur un label à la hauteur de son (immense) talent !
Bertrand Pourcheron (8/10)