Dreaming Madmen – Ashes Of A Diary

Ashes Of A Diary
Dreaming Madmen
Auto production
2019
Thierry Folcher

Dreaming Madmen – Ashes Of A Diary

Dreaming Madmen Ashes Of A Diary

Des groupes comme Dreaming Madmen on en trouve à foison. Des clones plus ou moins réussis de Pink Floyd fleurissent aux quatre coins de la planète comme héritiers d’une musique incomparable et pour l’instant inégalée (…it’s just another brick in the wall). Alors pourquoi venir encombrer l’intransigeant Clair & Obscur et son caractère fouineur et dénicheur de pépites improbables avec un plat réchauffé ? La réponse, c’est que j’ai écouté Ashes Of A Diary de bout en bout sans jamais m’ennuyer ni même devoir m’énerver. Et dans la foulée, je suis retourné illico à la première plage du disque avec le bien nommé « Page One » pour un second tour de manège. Pour moi ça ne trompe pas, l’accroche est l’élément fondamental et lorsque « ça ferre », c’est plutôt bon signe. Je pense aussi que j’avais besoin de cette musique à ce moment-là, du bon rock progressif sans prise de tête où l’émotion joue à fond. Cela faisait un bon bout de temps que je rodais comme un loup affamé dans les méandres du prog sans jamais trouver un bel os à ronger. Et là, je dois dire que je me suis régalé. Ashes Of A Diary est un bon album, très bon même, qui peut rivaliser sans peine avec les œuvres de nos amis norvégiens d’Airbag. C’est donc ça ! Je comprends maintenant. Dreaming Madmen serait plus à rapprocher du groupe de Bjørn Riis que de celui de la paire Waters/Gilmour. Du coup cela devient beaucoup plus digeste et si l’on rajoute à ça des parfums de Porcupine Tree ou d’Anathema, on obtient un véritable groupe en phase avec son époque.

Dreaming Madmen, c’est l’histoire de Mathew et Christopher Aboujaoude, deux frangins libano-américains tombés très tôt dans la marmite Floyd au point de se distinguer dans un tribute band fort honnête du nom de Brick Floyd. Ceci explique cela. Une belle façon de se roder et d’apprendre ses gammes. Lorsqu’on écoute leur album, on est loin du tâtonnement et de l’approximation, on ressent une belle maîtrise et une réelle capacité à donner une personnalité à leur musique. Ashes Of A Diary débute donc avec « Page One », une introduction sans équivoque pour bien montrer ce qui nous attend. C’est beau, aérien, dominé par la guitare de Mathew qui s’emploie avec talent pour nous amener sur les terres Floydiennes. Mais cet instrumental, pas très long, sera sans doute le seul et véritable morceau à faire référence dans sa totalité à l’illustre formation des années 70. « Page One » d’un livre qui ne renie pas ses origines mais qui va ressentir le besoin de sortir à l’air libre et de s’émanciper. C’est flagrant sur « Behind My Wall » qui enchaîne aussitôt après et dont le titre donne à réfléchir. La musique prend une direction bien différente avec un punch et une mise en forme qui lorgne du côté de Steven Wilson. Hormis un savoir jouer indéniable, ce que j’aime surtout c’est l’arrêt buffet sur la fin avec les quelques effets électroniques qui rappellent « Pigs (Three Different Ones » sur Animals. Par contre ce que j’aime moins, c’est le chant déclamé comme une recette de cuisine et qui finit par lasser. Sans surprise, l’histoire et les paroles vont rester anecdotiques et se contenter d’humaniser la musique. Rien de bien nouveau car à quelques exceptions près, bon nombre de références progressives sont portées par des paroles abstraites, difficiles à décrypter.

Dreaming Madmen Ashes Of A Diary Band 1

Retour au rock plus atmosphérique avec « Your Possessor » dont le chant va s’orner de l’inévitable présence féminine très en vogue en ce moment. Mais il faut bien reconnaître que Caelin Tralongo apporte un plus non négligeable dans ce secteur. On pense à Blackfield ou Anathema mais sans gène ni soupirs. Le titre est très agréable et se distingue notamment par des changements de climats savoureux où la guitare et la basse deviennent les maîtresses des lieux. « Lock Thyself » continue à creuser le même sillon avec cette fois des claviers évocateurs et un balancement typique de Pink Floyd. Un joli solo sur la fin mais dans l’ensemble, un petit coup de mou par rapport au début du disque. Heureusement, l’instrumental « Enigma » va remettre du carburant dans un moteur qui commençait à s’essouffler. C’est encore la guitare de Mathew qui va déclencher les hostilités et lancer un bel affrontement avec les claviers de Christopher. Puis, moment de calme et tout s’apaise pour nous offrir avec beaucoup de lyrisme un des plus beaux solo de guitare de l’album.

Après ce grand moment d’extase, un autre nous attend avec « Ashes Of A Diary », pièce majestueuse mâtinée de King Crimson et qui se permet même une petite incursion vers un post rock convaincant. Là aussi la guitare va s’envoler très haut, mais hélas en loupant un petit peu son atterrissage. On termine avec la belle invitation de « Final Page (Until We Meet Again) » que j’accepte bien volontiers. Le titre démarre en fausse piste par un clin d’œil à « The Court Of The Crimson King » avant de changer radicalement d’aspect et de se promener vers les racines orientales de Mathew et Christopher. Superbe morceau à forte connotation cinématographique dont les paroles bien claires cette fois : « ...but i know we’ll meet someday again my friend » annoncent de prochaines retrouvailles.

Dreaming Madmen Ashes Of A Diary Band 2

Ce premier album est certes une réussite mais il va demander confirmation sinon mieux. Le deuxième ouvrage est en préparation et sera sans doute décisif pour l’avenir de Dreaming Madmen. Mais je suis profondément convaincu que nos deux compères en ont gardé sous la semelle et vont nous proposer de belles choses. Petite rectification : des groupes comme Dreaming Madmen, on n’en trouve pas à foison. Qu’on se le dise.

https://dreamingmadmen.com/

 

Un commentaire

  • Dominique Laurant

    Un groupe et un album découvert par hasard en furetant sur bandcamp. Je suis aussi tombé sous le charme … Merci pour cette chronique

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