Downes Braide Association – Skyscraper Souls

Skyscraper Souls
Downes Braide Association
Cherry Red Records
2017

Downes Braide Association – Skyscraper Souls

Downes Braide Association Skyscraper Souls

Ne vous fiez pas à la pochette, sans doute l’une des plus moches réalisées par Roger Dean. Et pourtant, j’adore l’œuvre de cet illustre illustrateur. Mais là, entre l’effet aquarelle du fond bleu (un élément pour test de Rorschach peut-être ?) et ce lettrage agressif déjà employé sur de nombreuses illustrations récentes, il n’y a rien qui puisse attirer mon attention sur l’album… Si ce n’est que les auteurs en sont Geoff Downes et Chris Braide, soir la Downes Braide Association dont j’avais déjà chroniqué ici avec force appétit la précédente sortie, Suburban Ghosts.

Nos deux citoyens britanniques, fort occupés – le premier comme musicien, le second comme producteur – trouvent quand même le temps de produire un troisième opus en cinq ans ! On pourrait s’inquiéter en se disant que le résultat ne peut qu’être bâclé… Eh bien, une nouvelle fois c’est raté, tellement ce Skyscraper Souls est au moins aussi réussi que ses prédécesseurs.

Oh, bien entendu, on pourrait juste s’appuyer sur la liste des invités pour se dire que l’on tient là un bon album – comme si la renommée des « guests » était un gage suffisant de la qualité d’un disque… Et pourtant : Marc Almond (Soft Cell), Andy Partridge (XTC), Kate Pierson (The B-52’s), Matthew Koma (Zedd), David Longdon (Big Big Train), ou encore Tim Bowness (No-Man), ça vous place un disque. Mais, bien plus que cela, ce troisième opus de la Downes Braide Association (DBA) propose tout simplement neuf morceaux qui sont autant de petits joyaux finement ciselés par nos deux orfèvres.

Downes Braide Association Skyscraper Souls Band1

En effet, on a beau chercher, pas moyen de trouver un titre en-dessous des autres. La DBA fonctionne comme elle en a l’habitude. D’abord, avec de très bonnes compositions qui placent le duo parmi les grands binômes de « songwriters » pop – on pensera sans hésiter à Elton John-Bernie Taupin, mais aussi tout simplement à John Wetton-Geoff Downes. L’air de rien, les mélodies vous gagnent et ne vous lâchent pas. Tout paraît simple, clair, sans artifice. Pourtant, en écoutant attentivement, on remarque toutes les finesses de l’écriture, de l’enregistrement et de la production (le placement des guitares, en particulier).

Pour autant, on sent une volonté un peu différente dans ce Skyscraper Souls. Après le beau et explicite « Prelude » – puisque le refrain du titre suivant s’y trouve déjà intégré –, à base de piano et avec une magnifique partie de basse d’Andy Hodge, un solo soft mais nerveux d’Andy Partridge et de belles interventions finales, l’album démarre avec la longue pièce éponyme (18:10). Le titre débute un peu comme une pièce récente d’Asia (entre la période John Payne et la reformation originelle), croisée d’un tempo et d’un thème digne des Buggles, voire même de quelques passages que ne renierait pas le Yes de Drama. La voix de Kate Pierson vient soutenir celle de Chris Braide pour développer une impression très aérienne. Mais ce sont vraiment les claviers de Geoff Downes qui dominent l’ensemble, avec un emploi et un traitement des sons dont il est un des seuls à détenir le secret. Les parties de guitares de Dave Colquhoun (guitariste connu pour être l’accompagnateur de Rick Wakeman depuis de nombreuses années) transcendent également le titre à quelques occasions, tout comme le bon travail du batteur Ash Soan – membre de The Producers avec Trevor Horn, on reste en famille. En tout cas, « Skyscraper Souls » est une bien jolie pièce qui ne souffre aucunement de sa longueur et qui est d’une belle audace, placée de la sorte sur l’album (néanmoins, nos deux petits malins ont pris bien soin de proposer une version courte de 3:32 – voir la lyric video proposée ci-dessous – qu’affectionneront sans doute aucun les radios).

Downes Braide Association Skyscraper Souls Band2

Andy Partridge est encore de la partie sur « Glacier Girl », notamment avec des tranches de guitares passées à l’envers. C’est le piano qui domine ce slow tempo ponctué par une basse fretless et conclu par les voix d’Elijah et Sascha Braide. « Angel On Your Shoulder » est un des tubes potentiels, profitant de la voix de Matthew Koma, mais aussi de la guitare de Patrick Howley, de la trompette de Matthew Bourne-Jones et de la narration finale de Barney Ashton Bullock. Encore une de ses chansons dont on vocalise volontiers le refrain à tue-tête !

Mais comme la Downes Braide Association est une fabrique à chansons pop, voici David Longdon qui vient doubler les voix et poser quelques notes de flûte sur un « Tomorrow » dansant, presque folklorique. Le final Clavinet-basse-flûte est certes de toute beauté que déjà les chants d’oiseaux s’enchaînent avec le bruit des vagues qui introduisent « Lighthouse », dont le refrain est agrémenté de la voix de Tim Bowness en réponse à celle de Chris Braide. Et c’est la voix si caractéristique de Marc Almond qui vient s’imposer sur le doux « Skin Deep » où la trompette fait encore des merveilles. Un titre parfait pour un tel duo de chanteurs.

Sous ses couverts d’album pop, Skyscraper Souls s’avère tout de même être une sorte de concept-album, comme le prouve la narration de départ de « Darker Times » (avec la voix et la guitare d’Andy Partridge), où la mélancolie et le questionnement sur la place de l’individu dans le monde sont centraux, portés néanmoins par une note d’espoir – les fantômes de la banlieue (Suburban Ghosts) de l’album précédent se sont ainsi transformés en âmes des gratte-ciels (Skyscraper Souls), que l’on retrouve dans le « Finale », à nouveau ponctué par la belle guitare d’Andy…

Avec Skyscraper Souls, la Downes Braide Association continue son bonhomme de chemin. Loin des extravagances et de la surenchère, le duo a su tirer partie de son talent et d’invités triés sur le volet pour nous proposer tout simplement un des meilleurs albums de 2017. Un coup de cœur mérité et palpitant pour ouvrir la nouvelle année…

Henri Vaugrand

Coup de Coeur C&O

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Un commentaire

  • Olivier

    C’est en écoutant l’album que j’écris ce commentaire. Et si vous aimez la bonne pop bien arrangée, mélodique ; mais aussi le prog c’est un excellent compromis. Jamais ennuyeux, ni pompeux cet album de deux grands du monde musical est une pure merveille et pas mal de titres pourraient passer sans problème en radio comme « Lighthouse » qui rentre dans votre tête pour ne plus en sortir. Hélas, ce ne sera malheureusement pas le cas, alors il ne vous reste plus qu’à investir dans ce digipack bleu pour profiter de cette musique qui raviera vos cages à miel !

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