District 97 – Screens
MindScan Records
2019
Bruno Dassy
District 97 – Screens
C’est le quatrième album studio de cette formation basée à Chicago, qui peaufine son style très personnel et bien reconnaissable reposant sur un progressif technique, complexe et parfois expérimental. Toujours fidèles au poste, Jim Tashjian aux guitares, Jonathan Schang aux percussions et Leslie Hunt au chant accueillent deux nouveaux musiciens : Andrew Lawrence aux claviers et Tim Seisser à la basse, qui semblent s’être parfaitement intégrés au groupe. L’autre changement concerne le label, MindScan Records remplace Laser’s Edge.
Dès le premier morceau « Forest Fire », on entre dans le vif du sujet : rythmique syncopée et décalée, basse ronflante, guitare alternant envolées jazzy et digressions atonales, breaks nombreux, et surtout la voix puissante et très expressive de la formidable Leslie Hunt. Le reste du disque est à l’avenant, opérant une fusion particulièrement réussie entre jazz, métal et musique dodécaphonique, quelque part entre Liquid Tension Experiment, King Crimson et Frank Zappa. Des morceaux plus simples et plus orientés pop comme « Seen I Provide » ou tournés vers la ballade mélancolique comme « Bread & Yarn » viennent aérer le propos musical, tout en restant construits et impeccablement interprétés. Et les deux musiciens fraîchement arrivés apportent pleinement leur contribution en renforçant l’aspect jazz-rock. L’illustration du boîtier montrant un couple d’escrimeur et escrimeuse harnachés pour l’entraînement évoque le texte du dernier morceau « Ghost Girl », le plus long d’une durée de 11 minutes.
District 97 a fait l’objet de commentaires élogieux et mérités de la part de Bill Bruford dans une interview récente donnée à Rolling Stone Magazine. Toutefois cette musique très travaillée et dépourvue de ritournelles accrocheuses n’est pas d’un accès facile, et risque d’en décourager plus d’un. Elle respecte pourtant l’esprit aventureux et l’exploration originale propres au courant progressif, bien mieux que la plupart des formations s’en réclamant et qui se contentent le plus souvent d’imiter avec plus ou moins de bonheur les dinosaures des années 70.