Diaphonic – Troy

Troy
Diaphonic
2014
Autoproduction

Diaphonic Troy

La Suisse a toujours proposé un réservoir non négligeable de groupes ou artistes de renommée internationale, tant dans la musique mainstream (Stephan Eicher, Yello ou Double), le rock plus péchu (Krokus, Gotthard ou Coroner) que dans le rock progressif (Deyss, Dawn, Clepsydra, Galaad ou le grand Patrick Moraz qui officia jadis dans Yes ou The Moody Blues). C’est bien dans cette dernière catégorie que l’on peut classer le répertoire de Diaphonic, formation romande déployant ses activités principalement le long de l’arc lémanique. Troisième production pour cette équipe constituée de musiciens accomplis et polyvalents qui ont décidé de créer une musique exigeante et ambitieuse puisant leur inspiration tant dans les classiques du rock progressif des années septante (on est en Helvétie !) que dans le jazz ou la musique classique. Un album conceptuel sur le siège de Troyes, rien de moins, est donc servi sur le plateau de votre platine. La maîtrise instrumentale du quintette semble irréprochable et les compositions, alambiquées mais mélodiques, font parfois penser à ce que produisaient les Doors dans leurs meilleurs moments (écouter, pour s’en convaincre, « Lost Idyll » ou encore les premières secondes du titre d’introduction « Nightrider » qui, du haut de ses treize minutes, sait créer un climat que n’aurait pas renié le poète californien Jim Morrison).

La prise de son et les arrangements forment un ensemble clair, limpide et cohérent, chaque instrument, à sa place et vif dans le mix, permet d’écouter le moindre détail d’interprétation. Venons-en à présent à ce qui peut fâcher quelque peu : la voix. En effet, si celle-ci n’est pas fautive ou ne détone jamais, elle risque d’en agacer plus d’un. Proche de celui d’un Ian Anderson (Jethro Tull), le timbre du vocaliste Thomas Weeks, plutôt monocorde et nasillard, ne permet pas aux morceaux de véritablement décoller, à l’instar de ce que savent pourtant très bien mettre en route Steve Hogarth (Marillion) ou, pour rester plus modeste, Nick Barrett (Pendragon) et Peter Nicholls (IQ).

Diaphonic Band

Ainsi, Diaphonic ne saurait, en l’état, donner un coup de pied salvateur dans la fourmilière progressive, contrairement au pari gagné par Galaad en 1995 avec « Vae Victis ». On peut donc se risquer à ranger ce disque dans le coffre, rempli jusqu’à plus soif, des productions de seconde zone qui plairont aux amateurs mais que l’on ne pourra jamais considérer comme pierre angulaire d’un style pourtant en éternelle évolution et progression.

La galette sera donc posée à côté de celles de Dawn (Suisse), Cafeïne (France), Dilemma (Hollande) ou Sylvan (Allemagne) : des « viennent ensuite » qui ont au moins l’avantage de créer la musique qu’ils aiment, sans concessions ni compromissions. Hélas, parfois, ça ne suffit pas.

Christophe Gigon (6/10)

http://diaphonic.org/

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