Dhafer Youssef à l’Espace 93, Clichy-sous-Bois, le 16 avril 2015

Dhafer Youssef

Dhafer Youssef à l’Espace 93, Clichy-sous-Bois, le 16 avril 2015

Dans le cadre de la 32ème édition du festival de jazz de Seine-Saint-Denis « Banlieues Bleues », le chanteur et oudiste tunisien Dhafer Youssef se produisait en quintet à Clichy-sous-Bois. Issus chacun d’un pays différent, les cinq compagnons transcendent leurs différences culturelles pour partager une passion commune du rythme et de l’improvisation, mais aussi de l’introspection et de la mélodie. Lumière tamisée et volutes en arabesques, le décor minimaliste est planté. Même si ce sont les moments rythmés qui dominent la soirée, la tendresse et la fragilité sont également au rendez-vous. En effet, quand le jeu frénétique du batteur ferait frémir le professeur du film « Whiplash » (cette surenchère de fougue dans les défis que se lancent le pianiste et le batteur est à couper le souffle), les vocalises gorgées d’histoire et d’émotion de l’oudiste nous font hérisser le poil. Ce chant suraigu ferait en effet pâlir les trois ténors du metal ! (non, pas José, Plácido et Luciano, mais Rob, Geoff et Bruce).

De même, là où le « prophète Krishna », comme l’appelle affectueusement Dhafer, multiplie les clins d’œil aériens à son compatriote Terje Rypdal, c’est en revanche l’attitude d’un guitar hero (grimace, génuflexion, contorsions) que Dhafer adopte quand il joue de son instrument. Bien que ce soit le premier qui ressemble au farfelu et regretté Daevid Allen, c’est bien le second qui fait de l’esprit. Voici ainsi à titre d’exemple comment le sympathique Tunisien s’exprime quand vient l’heure du rappel : « normalement, là on sort, mais c’est trop loin ». Ce spectacle a réuni des publics de tous âges, et grande fut ma joie en voyant devant moi ces élèves accompagnés de leurs professeurs écouter avec attention et applaudir les prestations de nos cinq fantastiques.

C’est en effet à une musique exigeante que ces enfants ont été exposés, loin de la masse d’artistes en carton-pâte sous laquelle les médias les noient. Quelle belle initiative que de les avoir invités à un concert où tolérance (puisqu’il s’agit bien de la rencontre des sensibilités occidentales et orientales) et musicalité hors-paire faisaient corps.

Lucas Biela

http://www.dhaferyoussef.com/

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