Desolate Shrine – The Heart Of The Netherworld

The Heart Of The Netherworld
Desolate Shrine
2015
Dark Descent

Desolate Shrine The Heart Of The Netherworld

(Clap) « Desolate Shrine, The Heart Of The Netherworld, Scène 1, Première ». Vous êtes à cheval. Il galope vite, bien trop vite. Vous fermez les yeux. De toute façon, on distingue que dalle dans le brouillard. Vos mains cherchent désespérément une crinière, quelque-chose à quoi se raccrocher. Vous ne trouvez que des os à moitié rongés ainsi qu’une matière molle qui se presse entre vos doigts. Nauséeux et effrayé, vous ouvrez les yeux. Votre monture est morte, pourrissante, fangeuse, sortie de l’infra-monde, et pourtant elle continue sa course. Putain, mais ça déchire ! (Clap). Avouez que c’est du script de bouzin, mais voilà, ça sort directement de mon esprit malade sous l’influence d’un disque de metal de la mort. On ne va refaire de dessin, on pensait le death vraiment canné et enterré, mais v’là-t’y pas que celui-ci remonte la pente savonneuse de lubrifiant depuis quelques années pour montrer qu’il a encore le braquemart bien lourd. Et comme par hasard, la plupart (mais pas tous) des groupes que j’écoute viennent d’où ? De la Finlande, un pays où la propension à broyer du noir se vérifie au kilomètre carré de groupes metal chez le coiffeur.

La Finlande donc, dont Desolate Shrine est originaire, et d’où il vient de nous pondre ce qu’on pourrait qualifier de « blockbuster hivernal », ou un truc de la sorte. Un gros budget mis dans les pattes de gens pas nets, pour mettre en forme certains penchants un tantinet salissants, sans le côté épique gogol et les envolées flamboyantes « touche à mon cul si ça fait de la musique ». Ici, ça se vérifie au son, cyclopéen, en toute subtilité, l’exploseur de quartier quoi (non, ne me demandez pas ce que ça veut dire !). Imaginez un peu qu’on ait donné la coquette enveloppe de 150 millions à la production d’un petit film d’horreur indépendant. « The Heart Of The Netherworld », c’est pile-poil la même chose. Mieux que ça, cela relève du fantasme : des moyens conséquents, une équipe rodée autour d’un même cerveau, nommé ici LL (qui s’occupe de tous les instrus, quand même !).

Desolate Shrine Band

Mais bon, du son maousse dans le death, on connaît la chanson, ça sonne toujours « déferlement technique en short ». La Finlande, non, elle ne peut voir la chose que sous l’angle le plus sérieux, jusqu’à l’ostentatoire. Ce serait un peu comme mater une version de ‘World War Z » flippante, gore, enchaînant les instants malsains sur de superbes panoramiques et des plans-séquences de malades, avec un Brad Pitt badass aux fêlures complexes. Un film réussi quoi. Un rêve. L’apocalypse réalisée par Guillermo Del Toro avec l’équipement de James Cameron, et puis Gaspard Noé comme conseiller artistique. Une certaine, et non moins vague, idée du bonheur.

Car en plus d’avoir un gros son, de l’élaboration et une identité, il y a cette ambiance, noire, délétère, tournoyante, écorchée, quasi black sur les rebords, à t’enfoncer l’occiput dans une mare de suc gastrique et de déchets organiques. L’effroi des mélodies, la tension des arrangements, le gras du croûton, la dégradation, l’autre pays du death qui fout les boules. Cauchemar éveillé… Sueurs et cris…

Alors, on s’installe sur le fauteuil, on attend la fin des pubs, et quand les lumières se seront éteintes, l’écran gagnera en taille jusqu’à avaler le petit inconscient qui a eu le malheur de payer son billet. Rien que pour ça, le machin vaut bien ses neuf boules sur le front.

Jérémy Urbain (9/10)

http://desolateshrine.bandcamp.com/

White Walker

Quand Jérémy Urbain sillonne la Finlande en écoutant du death metal…

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