DeeExpus – King Of Number 33
DeeExpus
Edel/Ear Music
Contrairement à une idée reçue, DeeExpus n’est pas un nouveau groupe, surgi de nulle part. Tout a commencé en fait en 2007 lorsque le guitariste rythmique et multi-instrumentiste Andy Ditchfield, las de sa carrière solo, a décidé de s’acoquiner avec son ami d’enfance, le chanteur Tony Wright. Avec l’aide de quelques guest-stars, le duo a publié en mai 2008 un premier album baptisé « Halfway Home », à peu près aussi bandant qu’un strip-tease de feue Alice Sapritch (c’est mon avis, et je le partage !). Après quelques changements de line-up, le combo a sorti, dans la foulée, un DVD live, « Far From Home », enregistré en juin 2009 en Pologne et publié par le prolifique label Metal Mind. La formation a alors écumé les scènes britanniques et a eu l’honneur d’être invitée en 2010 au fameux festival RosFest, organisé chaque année aux états désunis d’Amérique. C’est à cette période que les premières ébauches de « King Of Number 33 » ont vu le jour. Avec l’aide exceptionnelle de Nick Kershaw au chant (sur le dernier titre de l’opus), de Mark Kelly à plein temps aux claviers (dont les problèmes d’acouphènes ont été diagnostiqués à ce moment précis), de Steve Wright à la guitare solo, de John Dawson à la basse et d’Henry Rodgers derrières les fûts, cet opus de la maturité et de la révélation grand public a vu le jour en mars 2012, sur Edel/Ear Music.
Autant le dire d’emblée : c’est un coup de maître dans lequel Mark « Mad Jack » Kelly s’est énormément investi ! Le gang y célèbre un rock haut de gamme, porté par une section rythmique passée maîtresse dans l’art du plasticage sonore et qui assène de satanés coups de boutoir (l’introduction tonitruante de « Me And My Downfall ») et soutient un édifice aux influences parfaitement digérées (on ne peut pas en dire autant de tout le monde, hélas). Dès le second titre, le classieux « Maybe September », le ton est donné : mélodies affutées comme la lame d’un rasoir, arrangements au cordeau et interprétation du tonnerre de Zeus ! Bonne nouvelle : le reste est à l’avenant ! Si la pate de Marillion est forcément présente (mais on est ici très loin de la sono-copie stérile) on trouve aussi quelques touches évoquant le meilleur Mike Oldfield (notamment sur « Marty And The Magic Moose »).
Mais le meilleur reste à venir avec la suite éponyme, divisée en cinq parties, et qui dépasse allègrement la barre des 26 minutes. C’est bien simple : elle regorge de trouvailles (bruitages multiples sur l’introduction, chœurs de toute beauté, etc.) et de moments de bravoure ! Les soli de six-cordes de Steve Wright vous laissent littéralement sur le cul et leur complicité avec les synthés virevoltants de Mark Kelly (dignes de la grande époque de « Clutching At Straws ») renvoient dans les cordes bon nombre de confrères (concurrents ?) indument auto-baptisés progressifs. Ici les passages couillus, mais jamais bourrins, alternent, avec maestria, avec des accalmies du meilleur tonneau et c’est le pied ! Putain d’album et putain de groupe !!!
Bertrand Pourcheron (8,5/10)