David Sylvian – Camphor

Camphor
David Sylvian
2002
Virgin

David Sylvian – Camphor

Suite à la décision prise par David Sylvian en 2000 de claquer définitivement la porte de la maison Virgin, après 22 années de bons et loyaux services (et ce tout juste après la parution du double  » Everything & nothing », sorte de « best of » de titres chantés truffé d’inédits savoureux),  plus personne n’osait espérer la sortie de son alter-ego instrumental pourtant annoncée dans la foulée. Et Ô surprise, « Camphor » atterrit aujourd’hui dans les bacs et clôture donc, sous forme d’épilogue, la collaboration entre l’artiste et son ancienne maison de disques. Avec ce nouvel album, David Sylvian nous offre une sélection de travaux instrumentaux en collaboration avec d’autres musiciens d’exception, citons ses vieux complices Robert Fripp et Holger Czukay (Can), Bill Nelson, Shree Maa ou encore le norvégien Nils Petter Molvaer, génial trompettiste s’illustrant avec brio dans l’électro-jazz . Et puisque j’en parle, écoutez donc son fabuleux « Khmer » paru chez ECM, ou encore le tout récent « NP3 » affichant une pochette digne de l’imagerie Pink Floyd : vous m’en direz des nouvelles !

Mais revenons en à nos moutons : « Camphor » propose également quelques compositions issues d’anciens albums, citons pèle mêle « Gone to Earth » (LE chef d’œuvre absolu de Sylvian), « Dead bees on a cake », ou encore le projet « Rain Tree Crow » avec les ex-collègues du défunt Japan , comme l’incontournable Richard Barbieri et ses claviers magiques. Si certain morceaux n’ont fait ici l’objet que d’un simple travail de remasterisation, d’autres ont carrément été revisités, comme cette sublime et émouvante version de « Wave » avec Robert Fripp à la guitare et des arrangement de cordes qui ne dépareilleraient point sur la dernière merveille en date de Craig Armstrong. Autre très bonne surprise avec l’heureuse présence du titre « The song wich gives the key to perfection » (rareté initialement parue sur un mini-CD accompagnant le programme de la dernière tournée) où on retrouve un David Sylvian chantant en Indi sur fond de tampoura et de textures guitaristiques, évoquant fortement les atmosphères chère à Brian Eno.

Avec « Camphor », Sylvian propose donc, une fois de plus, un aperçu de toute l’étendu de son talent et une nouvelle introduction à son univers musical si riche, personnel et varié (même si l’album s’écoute comme un tout, et en boucle pour les plus enthousiastes). Pour ma part, bien que je trouve l’album globalement très réussi, je regretterai cependant quelques choix de l’artiste qui vont parfois jusqu’à frôler le foutage de gueule : les planants « Answered prayer » et « The healing place » sont par exemple ici proposés dans des versions légèrement accélérées ! Quel est donc l’intérêt d’une telle démarche si ce n’est que le remplissage ? Remplissage un peu stérile alors que certains vrais inédits (ou presque) manquent ici cruellement à l’appel, comme certaines faces B de singles qui méritaient dès le départ d’être intégrées à un album, ou encore ces quelques fameuses pièces instrumentales présentes uniquement sur l’édition japonaise de « Gone to Earth », difficile à se procurer et souvent hors de prix. Signalons pour finir l’existence d’une superbe version limitée en digipack, avec CD bonus de 38 minutes comprenant tout de même trois excellents remixes d’anciennes compos planantes cosignées par le musicien allemand Holger Czuckay. Voilà de quoi faire oublier les quelques lacunes de  » Camphor » non ?

Philippe Vallin (7/10)

http://www.davidsylvian.com/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.