Damanek – On Track

On Track
Damanek
Giant Electric Pea
2017

Damanek n’est pas un groupe originaire de l’Europe de l’Est qui se serait mis On Track pour se faire connaître dans nos contrées, contrairement à ce que laisserait supposer son nom. Il s’agit du bébé de Guy Manning, l’ex-claviériste de Parallel/90 Degrees mais surtout de The Tangent. Il a commencé par s’entourer du bassiste Dan Mash (The Tangent, United Progressive Fraternity) et du multi-instrumentiste à vent Marek Arnold (Toxic Smile, Seven Steps To The Green Door, Cyril) et là, comme une révélation, on comprend pourquoi Damanek est le nom du groupe. Par la suite, Sean Timms (Hearts Of Fire, Unitopia, Southern Empire, Lather) les a aussi rejoints pour former un groupe composé de deux claviéristes ce qui n’est pas banal, même si Guy joue également des guitares acoustiques et des percussions. Aux dires d’un Guy Manning un peu à fleur de peau, ce dernier serait également son « régulateur d’humeur ».

Notre besogneux gallois (non content de composer et de jouer, il administre également son site web et votre serviteur est bien placé pour savoir que ça n’est pas simple tous les jours) ne s’est pas arrêté en si bon chemin car il a fait appel à pas moins de treize invités pour étoffer le propos. De ceux-là, je retiendrai principalement le brillant guitariste Luke Machin que l’on ne présente plus ou alors je vais vous tirer les oreilles car les deux excellents CDs de son groupe Maschine sont chroniqués sur Clair & Obscur. Également, il faut noter la présence du batteur Henry Rogers, ces deux musiciens ayant déjà accompagné Guy Manning sur scène par le passé. Pour autant, on ne peut pas vraiment parler de super-groupe (même s’il y a manifestement du talent à bord) mais ce n’est pas du tout un défaut à mes yeux car, comme pour une équipe de foot, un assemblage de stars ne donne pas forcément le résultat attendu.

Dès les premières mesures, on sent que cet ensemble fonctionne particulièrement bien. Ainsi, « Nanabohzo And The Rainbow » à la rythmique sautillante et au chant très enjoué ouvre remarquablement le ban. Damanek propose une musique plutôt aérienne dans laquelle, la technique des musiciens est mise au service de mélodies bien léchées qui sortent sans relâche de tiroirs multiples. Elles s’enchaînent avec goût et brio.

Il s’agit ici d’un progressif très coloré de jazz et même parfois de funk (sans doute, la patte de Dan Mash) comme sur « Believer-Redeemer ». Les parties de saxo et de clarinette de Marek sont omniprésentes sur chaque titre et imprègnent fortement cette galette, lui donnant parfois aussi un côté Flower Kings (« The Cosmic Score (Heaven Song Pt. I) »), groupe dont certains membres ont déjà travaillé aussi avec Guy (bien que le début de ce titre plagie furieusement Bob Dylan).

Les ambiances comportent également de fréquentes touches orientales et tribales auxquelles les régulières parties de percussions de Guy contribuent fortement. Elles permettent à On Track de ne pas sombrer dans la mièvrerie. On peut cependant noter un « Madison Blue » plus convenu et mollasson que l’on pourrait entendre dans un lounge bar en fin de soirée, le genre d’endroit et de moment où, justement, plus personne ne fait attention à la musique qui passe.

Deux mots aussi pour parler du délicieux « Big Parade » au chant vieillot sur un rythme d’orgue de Barbarie. Cette ode à Gaïa recèle de vrais bijoux comme l’aérien « Long Time, Shadow Falls » dont le refrain et les guitares hawaïennes font penser à Gerry Rafferty avant qu’un break grandiloquent n’introduise une jam claviers/guitare épatante.

Un côté plus sombre apparaît rarement lorsqu’un riff de guitare vient alourdir le ton général enjoué d’« Oil Over Arabia » ou avec un chant plus inquiétant sur « Dark Sun ». Damanek jette toutes ses forces dans la bataille en clôturant l’album avec ce titre de près de quatorze minutes dont la partie instrumentale jazzy est proprement affriolante. Il propose également un des rares soli de guitare de l’album, en guise de conclusion.

Pas besoin d’en écrire des tonnes pour vous convaincre de la qualité de cet On Track qui, sans révolutionner le genre, est sur les bons rails pour donner de la couleur à un genre progressif qui peine à se renouveler.

Rudy Zotche

http://www.guymanning.com/damanek/damanek-index.html

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