Cyril Amourette – Instant Groove

Instant Groove
Cyril Amourete
Black Stamp Music
2024
Lucas Biela

Cyril Amourete – Instant Groove

Cyril Amourette Instant Groove

Né en France mais établi en Suisse, c’est néanmoins vers les Etats-Unis que Cyril Amourette s’est tourné dans sa musique. Il partage en effet avec Sidney Regal, le fondateur du label Black Stamp Music, une passion commune pour les sons jazz-funk du label CTI. Celui-ci, bébé de Taylor Creed, producteur à l’origine du label Impulse! (excusez du peu), avait été un vrai tremplin vers le succès pour de nombreux artistes jazz comme Herbie Mann, Eumir Deodato ou encore George Benson. Et ce dernier semble d’ailleurs être la source d’inspiration majeure de notre Français, tellement son phrasé se rapproche de la guitare de l’auteur de « Give Me The Night ». Pour honorer le titre de son premier album solo, Instant Groove, et lui offrir toute l’exubérance attendue, ce ne sont pas moins de huit collaborateurs qui accompagnent notre guitariste. La rythmique est assurée par le batteur Mathieu Edwards (Chassol) et le bassiste Mike Clinton (De La Soul, Salif Keïta). Cyril ne sera pas le seul guitariste puisque Paul Vernheres et Ralph Lavital seront également de la partie. La section cuivrée est composée du trompettiste Eric Mula (Michel Jonasz) et des saxophonistes Mathieu Thave (Lenny Kravitz) et Jean Vernheres (The Soul Jazz Rebels). Enfin, Stéphane Lenavenan (Bernard Allison, Ben l’Oncle Soul) intervient aux claviers.

Cyril Amourette Instant Groove Band 1

Quand on lance le disque, nos oreilles se retrouvent propulsées dans la bande-son d’un film de Blaxploitation. Et déjà, dans le jeu du guitariste, on est touché par une douceur incroyable où se croisent badinerie et recueil. Mais au fur et à mesure que le morceau d’ouverture progresse, dans leurs attaques insistantes, les guitares montrent qu’elles ne sont pas là que pour plaisanter mais également pour appuyer le groove. Par leurs accents amusés, les cuivres apportent de la fantaisie à une piste dédiée au fondateur du label qui a signé notre Franco-suisse. Ce morceau fait partie d’une série de pièces décontractées qui alterneront avec des titres plus rythmés. Ainsi, pour poursuivre sur le versant décontracté, la vedette pourra s’affranchir de ses compagnons sur un « Under The Rain » qui annoncerait presque le printemps avec ses notes en pleine floraison. Rappelant ses amis quand vient le tour de « Hello Grover » (probablement un clin d’oeil à Grover Washington, Jr.), Cyril se mettra à l’aise sur des saxophones douillets tout en humant les odeurs épicées d’un Hammond en feu. Guitares éblouissantes et cuivres solaires brilleront dans un « Hot Summer » où la climatisation nous permettra néanmoins de mieux supporter la chaleur. Sur les notes suaves des cuivres et la langueur des guitares, on restera au frais dans le « Smokin’ Basement ».

Cyril Amourette Instant Groove Band 2

Sur la partie plus rythmée, ce seront des influences variées qui nous saisiront. Ainsi, « George Town », avec ses instants chavirés, nous conduira dans les rues de la Nouvelle-Orléans, un après-midi de Mardi Gras. Ailleurs, « Instant Groove », ne déroge pas à son titre avec les épanchements incisifs des guitares et la batterie tour à tour pressée et polyrythmée. Plus loin, on ira même faire un tour du côté des Antilles avec les rythmes zouk de « Narvalo Spring». Dans ce morceau, les guitares amusées feront tourner les couleurs à la manière d’un kaléidoscope, tandis que la trompette enjouée et les saxophones excités se relaieront pour apporter un peu de fantaisie. Avec « Until Dawn », on fera la fête jusqu’au bout de la nuit sur des sons où le jazz-funk des années 70 côtoie le disco-funk des années 80. Avec ses petites envolées plaintives, la guitare jouera des coudes avec les cuivres rutilants, les saxophones offrant même de beaux moments d’échappée belle. A mi-chemin, cependant, on se demande si la fête ne se transforme pas en séance de spiritisme psychédélique au cours de laquelle Jimi Hendrix introduirait « Voodoo Child Slight Return » et Ian MacDonald « 21st Century Schizoid Man ». En tout cas, voici une façon surprenante mais très appréciable de conclure un album tourné vers les sonorités jazz et funk.

Ainsi, entre les séances de décontraction et celles plus rythmées, Cyril Amourette nous donne une belle leçon de jazz-funk. Instant Groove n’a rien à envier aux plus prestigieuses sorties jazz-funk américaines ou anglaises (oui, ça vibre aussi beaucoup de ce côté-là à Londres), et offre une preuve supplémentaire que la scène jazz-funk française se porte très bien.

https://www.facebook.com/cyril.amourette.7

 

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