Coyote Oldman – Rainbird

Rainbird
Coyote Oldman
2004
Coyote Oldman Music

Coyote Oldman – Rainbird

Coyote Oldman est un duo de flûtistes américains fort inspiré par l’héritage des musiques amérindiennes, qui a fait ses premiers pas discographiques au milieu des années 80, alors que la mouvance new-age était à son apogée outre atlantique. Mais comme d’autres créateurs d’univers sonores découverts à la même époque, incorporant très souvent un large instrumentarium ethnique à leur musique ambient à vocation électronique (citons ici les deux plus célèbres et talentueux : Steve Roach et Robert Rich), ils ont su développer un style bien à eux, un genre musical à part entière, à des années lumières des clichés et des banalités du genre new-age, si toutefois même on peut encore aujourd’hui les y affilier. Coyote Oldman, à la différence de ses pairs, développe une musique d’obédience atmosphérique, mais en se situant dans un champ presque exclusivement acoustique, manipulant cependant avec talent les effets d’échos, de reverbes, les superpositions de textures sonores, ce qui donne à leur musique une réelle profondeur et certaine dimension onirique.

Michael Graham Allen est le fondateur du groupe (pour lequel il vient de créer son propre label, après les années passées chez Hearts of Space), principal instrumentiste et compositeur. Passionné par les flûtes des natifs américains mais aussi par celles issues des cultures précolombiennes (un peu à la manière du mexicain Jorge Reyes, autre grande référence en la matière), il passe la plupart de son temps à se documenter et à effectuer des recherches à travers le continent sur les origines et l’histoire de ces instruments.

Également luthier émérite, Michael a la particularité de fabriquer quasiment tous les instruments qu’il utilise pour la réalisation de ses disques. Il est même devenu avec le temps l’un des artisans respectés dans l’art de confectionner les flûtes des indiens d’Amérique du nord, comme ces fameuses Siyotankas, flûtes à bec de gamme pentatonique au son très doux, généralement utilisées à des fins de séduction amoureuse ! Ces flûtes d’origine lakota (sioux), mais qu’on retrouve aussi sous la même forme à travers toutes les nations indiennes, ont été popularisées par le Navajo-Ute R. Carlos Nakai (LE grand maître de cet instrument), ou encore par Douglas Spotted Eagle, dans un registre davantage easy-listening mais pas toujours inintéressant.

Barry Stramp, le second membre de Coyote Oldman est aussi le moderniste du duo américain. Barry est en effet un technicien aguerri et un magicien du son, celui qui ouvre les horizons aux flûtes de Michael et qui leur confère toute cette profondeur, cette force évocatrice et émotionnelle. En tant que musicien, Barry, bassiste de formation, maîtrise également toute une gamme de pan pipes des Andes, ocarinas, et bien sûr n’est pas en reste avec les fameuses « natives flûtes ». Il est cependant absent (définitivement ?) de la réalisation de Rainbird, onzième opus du groupe, remplacé ici par un certain Joël Wild, crédité à la basse, aux claviers, percussions, à l’enregistrement et à la production de ce double album.

« Rainbird » est le commencement d’une nouvelle série d’enregistrements, celle-ci consacrée aux flûtes Anasazis, dont de nombreuses répliques ont été construite par Michael à partir de modèles originaux découverts sur des sites archéologiques et datés de 800 à 1 200 ans d’âge. Anasazi est un terme navajo qui signifie « Les Anciens », ou « Ceux qui nous ont précédés ». Les Anasazis, ancienne civilisation précolombienne, agriculteurs sédentaires (et constructeurs d’étonnants immeubles de pierre aux pieds des falaises !), seraient donc les premiers indiens d’Amérique du nord, les ancêtres des Zuñis, Hopis de l’Arizona et du Nouveau-Mexique. Les Anasazis auraient eu donc la particularité de construire et de jouer de magnifiques et grandes flûtes droites en bois, dont il nous est possible aujourd’hui d’entendre les sonorités et d’imaginer la musique grâce au travail magnifique de Michael Graham Allen.

Le premier CD, au climat serein et lumineux, est exclusivement consacré à ces instruments aux harmoniques complexes, la plupart du temps joués en soliste, afin de rendre hommage à la pureté et à la fluidité du son. Le second CD nous plonge dans un climat plus sombre, plus nocturne, appuyé par les textures de claviers et les lignes de basses hypnotiques de Joël Wild, reprenant le rôle de Barry Stramp avec brio. Avec ce nouvel album, la palette sonore de Coyote Oldman se renouvelle cependant, sans que soit renié le style du duo et sa formidable expressivité. Un must pour tout amateur de flûtes méditatives, de culture amérindienne et de musique atmosphérique.

Philippe Vallin (7,5/10)

 

 

Site web sur lequel on trouve disques et flûtes :
www.coyoteoldman.com

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.