Collapse – The Sleep In Me
Autoproduction
2017
Collapse – The Sleep In Me
Les Grenoblois de Collapse débarquent le 20 janvier avec, mine de rien, un troisième album en six ans. En effet, après Collapse en 2011, rapidement suivi de The Fall en 2013, voici le petit nouveau, intitulé The Sleep In Me. Le groupe a mis les moyens nécessaires à la sortie de ce disque, avec un financement participatif important réussi sur la plateforme KissKissBankBank, une troisième et fort belle pochette réalisée par Julie Barruel, enregistrement et mixage au Prunier Sauvage et au CRC de Seyssinet, mastering au prestigieux studio Abbey Road, et un tirage en éditions CD et vinyle ! De trois membres, Collapse est passé à quatre pour ce nouvel opus avec un claviériste à plein-temps (Vincent Coutellier) et l’arrivée du bassiste Erwan (en remplacement d’Alexis Osseni présent sur l’album) pour les concerts qui débuteront le 4 février à L’Ampérage (Grenoble). Les Grenoblois s’étaient déjà installés parmi les groupes à suivre dans le monde d’un post-rock, post-prog essentiellement instrumental de la scène hexagonale. Autant dire que The Sleep In Me se pose d’emblée comme l’album de la maturité.
Néanmoins, pas de révolution notable dans le travail de nos esthètes. Les ambiances sont inlassablement mélancoliques, comme dans certaines des œuvres de leurs inspirateurs revendiqués : les Porcupine Tree, Archive et autres Mogwaï. Pourtant, les compositions s’en détachent un peu, notamment de l’influence des passages instrumentaux de la bande à Steven Wilson (encore très présente sur « The Mental Room »). Peut-être une légère inflexion vers quelque chose de moins métallique et a priori moins brutal que dans The Fall. Sans doute une atmosphère moins live que dans le précédent, et un son qui se veut plus ciselé et abouti – même si au final le mastering me semble un peu écraser les efforts effectués dans ce domaine… Avec ses 7 titres pour 48:45, The Sleep In Me développe des thèmes plutôt sombres – avec moins de références à la cold-wave – où le piano vient souvent proposer quelque chose d’un peu plus aérien (« Opening Wound », « A Labyrinth In The Void ») et où les guitares de Sébastien Pierron paraissent encore plus inspirées que dans The Fall (« Opening Wound »). Les prises de son de la batterie d’Anthony Barruel notamment, mais aussi le son ronflant de la basse procurent une assise sur laquelle les thèmes se tissent de manière distincte (« Breathing Holes »). « Horla » nous emmène, via un passage bruité et parlé (par Laurent Guiot), sur les traces de Maupassant, ouvrant une courte brèche dramatique et visuelle vers « Closer To The End », son riff répétitif et ses nappes synthétiques… C’est le long « Sleep For Me » avec ses 11:19 qui conclut cet album. Difficile de ne pas faire quelque chose d’ennuyeux sur un titre instrumental aussi long. Néanmoins, articulé sur deux grandes parties où l’ambiance monte crescendo, ce morceau se termine en redescente climatisée, comme une plongée ouatée vers un sommeil dont on ne sait pas très bien s’il sera fait de rêves ou de cauchemars, voire même s’il permettra un quelconque réveil…
The Sleep In Me est un bel album qui ravira les fans du groupe comme les amateurs des inspirateurs précités, marquant un peu plus l’identité du quatuor. On attend déjà les clips avec impatience, tout comme les futures prestations scéniques, tellement la musique de Collapse se colore d’un appel à un développement visuel donnant d’autres clés vers le monde feutré, violent, inquiétant, mais finalement tendre de nos quatre Grenoblois.
Henri Vaugrand