Collapse – The Fall

The Fall
Collapse
Autoproduction
2013

Collapse – The Fall

Collapse The Fall

L’histoire du groupe Collapse débute à l’aube de l’année 2011 quand ses trois membres, déjà actifs depuis belle lurette au sein d’autres formations, décident de monter ensemble ce nouveau projet musical. Basés à Grenoble, le guitariste Sébastien Pierron (également crédité au piano et aux programmations), le batteur Alexis Osseni et le bassiste Anthony Barruel, dont les influences avouées vont du rock-prog énergique de Porcupine Tree au post-rock de Mogwai en passant par des combos plus orientés « électro » tels qu’Archive, distillent un rock instrumental heavy et particulièrement éclectique dans son propos, illustré par la publication d’un premier album éponyme (et prometteur) quelques six mois après la genèse du trio. Celui-ci nous revient deux ans plus tard avec son nouvel opus, un ouvrage plus puissant dans tous les sens du terme (qui flirte souvent avec le metal), davantage maitrisé dans sa conception et à l’identité encore plus affirmée. Si le style propre à Collapse s’inspire de multiples références qui ont fait école, il n’en demeure pas moins que les Grenoblois génèrent à travers les neufs chapitres de The Fall un univers qui leur est propre, très cinématographique, davantage axé sur les ambiances et l’émotion que sur la simple enfilade de plans techniques virtuoses. Nos trois compères sont malgré tout parfaitement maîtres de leurs instruments, avec un jeu professionnel et subtil largement à la hauteur de leurs ambitions.

Mais là n’est pas le propos, tant la complexité voulue par Collapse se situe bien davantage au niveau de l’immersion de l’auditeur dans une forte expérience introspective, un voyage intérieur riche en sensations fortes et en sentiments contradictoires exacerbés, entre ombre et lumière, mélancolie et alacrité, douleur et béatitude, colère et sérénité… Il faut savoir en effet que la thématique centrale de The Fall n’est pas des plus radieuses. Celle-ci tourne autour du suicide, de l’autodestruction d’individus, sujet inspiré de vie réelles ou allégoriques, avec à la clef une musique qui remue inlassablement les tripes (l’énorme « Bringing Out The Dead », « Shiver For Eternity », « The Dream Is Over »…), mais sans jamais « déranger » ni s’aventurer dans le glauque ou le voyeurisme morbide. Écouter The Fall est une expérience intime et singulière, qui résonnera dans l’âme de chacun en fonction de sa propre sensibilité et son vécu personnel.

Et pour que celle-ci soit la plus riche possible, le groupe n’a pas hésité à faire appel à diverses contributions extérieures, avec en premier lieu la voix d’Anaïs Leon-Serrano, en mode narratif sur l’épique morceau d’ouverture « Your Grace Is Out Of Time », où la basse grondante et les guitares tantôt rageuses et tantôt atmosphériques raviront les fans de Tool et du Porcupine Tree de In Absentia ou de Fear Of A Blank Planet. Quelques voix murmurées et chœurs discrets viennent également ponctuer la trame du dévastateur et funeste « Jesco’s Ghosts », où l’on voit encore planer le spectre de la bande à Steven Wilson, avec une petite touche cold wave pas déplaisante au niveau des claviers (qu’on retrouve d’ailleurs, ici et là, à travers l’album avec des emprunts plutôt perspicaces au The Cure période Disintegration, voire au Dead Can Dance des origines).

Le voyage se termine en apothéose sur le bien nommé « I Hope You’re In Peace Now », conclusion hypnotique typiquement post-rock où les nappes mélodiques du violoncelle de Fanny Coppey, amalgamées aux saturations de la six cordes, touchent au sublime. Et puis, on se remet des ses émotions durant quelques secondes de silence en suspension, avant un épilogue caché, ambient et quasi liturgique, histoire de côtoyer les anges un court instant d’éternité, laissant derrière nous les tempêtes et les tourments de l’esprit. Magnifique !

Avec Torquem, Aeris Temple, Ending Statellite et Fugu Dal Bronx, Collapse rejoint le peloton de tête de mes récents coups de cœurs en matière de rock français instrumental, inventif, et à géométrie variable. Grosse surprise, vivement la suite !

Philippe Vallin (8/10)

http://collapseband.bandcamp.com/

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