Circuline – Return
Inner Nova Records
2015
Circuline – Return
Transmutation du tribute band Downing Grey, mené par le claviériste et compositeur Andrew Colyer, Circuline est un groupe américain né en 2014 et composé de sacrés briscards élevés au rock progressif et au théâtre. Cela vous donne une base solide, avec deux chanteurs, Billy Spillane et Natalie Brown, ainsi que l’accompagnement occasionnel sur quelques titres du bassiste de Sound of Contact, Matt Dorsey, l’aide à la composition de Randy McStine (SoC) et la participation du violoniste de Stratospheerius, Joe Deninzon. Voilà pour la carte de visite, il y a pire, à tout le moins… Leur premier album, Return, a pour ambition de proposer ce que le groupe appelle du Modern Prog Rock. Soyons clair : si j’aime beaucoup cet album, il reste quand même largement bloqué dans un registre des années 80 et 90 du siècle dernier. Cela n’enlève rien à son charme, mais cela remet l’appétence à sa place !
Return se déroule en huit titres ne dépassant pas les huit minutes, fort bien construits et savamment enregistrés et produits par Circuline avec l’appui au mixage de Matt Dorsey. Les textes courts sont plutôt poétiques et quatre instrumentaux prouvent à l’envi l’importance accordée aux plages musicales (le crimsonien « Fallout Shelter »). On trouve nombres d’influences dans cet album : du Yes des années 80 et 90, du Sound of Contact, du Rush, voire du Buggles (« Stereotypes »)… Bien entendu, les claviers d’Andrew Colyer rayonnent, mais ils sont solidement accompagnés du jeu de guitare impressionnant de Bill Shannon, capable d’embrasser bien des styles, de même que le batteur Darin Brannon, dont les parties sont particulièrement bien enregistrées et mises en valeur. Bref, tout est d’une qualité et d’un professionnalisme à faire vomir un punk !
Un tel album semble donc plutôt réservé à l’amateur invétéré de prog, tellement les ambiances, les changements de tempo, de structures et d’approche sont multiples, souvent au cœur d’un même morceau. Là où bon nombres de groupes dits progressifs s’engluent dans une démonstration technique portant des morceaux alambiqués mais sans vie, Circuline réussit le tour de force de proposer de belles pièces (écoutez ce « One Wish » proposé ci-dessous à l’allure très Anderson, Bruford, Wakeman, Howe), fraiches, aérées, joliment troussées et superbement interprétées et enjolivées.
Du coup, dans le marasme actuel du progressif antédiluvien, Circuline apparaît comme un groupe dont on attendra la suite du développement, ainsi que les prestations scéniques. Au final, un joli coup de cœur inattendu, n’en déplaise aux défricheurs de révolutions musicales…
Henri Vaugrand