cétieu – Into The Light
cétieu
Twice Removed
Tekla Mrozowicka est une jeune synthétiste polonaise dont l’univers musical présente de multiples facettes. En effet, au travers de sa discographie, cette artiste explore la musique électronique dans ce qu’elle a de plus calme (ambient) tout autant que dans ce qu’elle a de plus bruyant (harsh noise). A cet effet, elle enregistre sous des pseudonymes, tous anagrammes l’un de l’autre : cétieu, técieu et éctieu. Pour l’EP « Into The Light », c’est cétieu qui a été retenu, car de l’aveu de l’artiste, cela sonne plus féminin que les deux autres anagrammes. En effet, l’objectif était de produire une oeuvre qui reflèterait au mieux ses émotions et sa sensibilité de femme, une sensibilité proche de la mélancolie par la lenteur des mouvements. Limitant donc au maximum les samples, elle « s’ouvre » pour nous guider dans un univers personnel (« sztuką jest otworzyć się » [l’astuce, c’est de s’ouvrir] indique-t-elle dans un entretien accordé au webzine Porysowane Płyty [les disques rayés]).
Entre les notes suspendues et celles qui s’égrènent, ce sont des images de cosmos et de sablier qui défilent devant nos yeux. Ajoutons les captures de sons à vif en extérieur (sur le réflectif « In The Name Of God ») et le tableau est complet. La vie, le temps et l’infini de l’espace, voici une musique fort ambitieuse sur le plan des thématiques mises en avant. Ces différents éléments s’imbriquent sans anicroches, ce qui rend la musique de notre artiste d’autant plus fluide.
Tekla a souhaité avec « Into The Light » nous accompagner dans sa vision cosmogonique et cosmique du monde, tout en nous laissant le choix de l’interpréter à notre manière. Elle y est parvenue avec force retenue et majesté. En effet, humbles par leur minimalisme mais riches par leur pouvoir de suggestion, les ambiances dépeintes nous transportent dans un univers d’une rare sensibilité, sans toutefois verser dans la « New Age » simpliste.
Lucas Biela (10/10)