Centrozoon – The Scent of Crash and Burn
Centrozoon
Burning Shed
Centrozoon est un projet de musiques électroniques improvisées qui voit le jour en 1999, emmené par deux musiciens de la scène electro allemande, Bernhard Wöstheinrich et Markus Reuter. Ce dernier est aujourd’hui plus connu que son acolyte au regard de ses nombreuses collaborations artistiques, que ce soit avec des pointures du genre que sont Robert Rich ou Ian Boddy, ou plus récemment au sein des Stickmen, un trio expérimental monté avec Pat Mastelloto et Tony Levin (tous deux affiliés à King Crimson), entièrement basé autour du Chapman Stick. Pour la petite histoire, il faut savoir que cet instrument assez fabuleux à 10 ou 12 cordes frappées, dérivé de la guitare, permet de produire simultanément une ligne de basse rythmique, des mélodies, et de jongler avec les textures sonores.Un peu à la manière de la « Touch Guitar », cet instrument est donc parfaitement adapté à des musiciens créatif et/ou virtuose qui recherchent avant tout la liberté et l’expérimentation, quel que soit d’ailleurs le style de musique joué.
Avant la parution de leur album « Never Trust The Way You Are » en 2005, le duo fait appel aux compétences du chanteur Tim Bowness, faisant ainsi évoluer leur concept de base en une sorte de pop electro hybride plaisante et originale. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore Tim Bowness et sa très belle voix feutrée, rappelons qu’il est l’un des piliers du groupe No-Man depuis sa création, avec le touche à tout Steve Wilson, également leader du désormais incontournable Porcupine Tree. Le style musical développé au travers les 5 titres de « The Scent of Crash And Burn », un EP d’une trentaine de minutes, est d’ailleurs très proche de la pop sophistiquée chère au No-Man de ces dernières années. Centrozoon pourrait presque se considérer comme une sorte de prolongement direct de leur meilleur opus intitulé « Together We’re Stranger« , petite merveille paru chez Snapper Music en 2003, que je vous invite à découvrir d’urgence si ce n’est pas déjà fait !
Autour de la voix suave de Tim Bowness, s’exprimant ici quelque part entre chant méditatif et narration, on retrouve donc Markus Reuter à la fameuse « touch guitar » et Bernhard Wöstheinrich aux claviers et programmations. Le premier des deux allemands s’avère être un quasi-clone de Robert Fripp (pas étonnant donc de découvrir que l’élève a étudié avec le maître), aussi bien pour la palette sonore que celui-ci utilise qu’au niveau des styles et techniques de jeu développés par le célèbre guitariste de King Crimson. Reuter délivre par exemple sur les très atmosphériques « The me I Knew » et « The Scent of Crash And Burn » des nappes planantes et autres textures dignes des meilleurs soundscapes de Fripp. En effet, la teneur générale du minialbum se veut plutôt éthérée, à situer quelque part entre electro-pop et ambient, à défaut de « Ten Versions of America », composition qui ouvre puis clôture le CD avec une version à la fois plus longue et retravaillée sur le plan rythmique. Ce titre en forme de hit single est quant à lui empli de nostalgie des 80’s, avec sa mélodie robotique et ses sons de synthés analogiques, nous renvoyant à la bonne époque des New Order, Depeche Mode, The Human League, voir même un peu plus loin dans le temps avec Kraftwerk !
Pour conclure, je dirais que « The Scent of Crash And Burn » ravira certainement les amateurs des travaux de David Sylvian, No-Man & co. Quoi qu’il en soit, ce mini CD est un excellent avant-goût de « Never Trust The Way You Are », l’album qui était alors en gestation, et qui reste encore aujourd’hui une belle référence en matière de pop-electro sophistiquée.
Philippe Vallin (6,5/10)