Celeste – Nihiliste(s)
Celeste
Denovali Records/Sons Of Vesta
Je suis entré dans le cimetière de mes pensées. Tombes à l’agonie de mes péchés voulus ou subis. Un terrain familier, moisi, flétri, fleurant la putréfaction morale et l’indécence d’en parler. Pourtant j’y retourne, inspirant à grande goulée la moindre effluve de chaque cadavre présent. Certaines mains dépassent encore de la terre grouillante de vers, tendues vers un éternel salut qui ne viendra jamais. Ainsi l’ais-je décidé, c’est mon lieu. Il pue la charogne, le viol, le foutre et la pisse. Quelque part, ça me plait, je m’y sens chez moi, malgré que je ne peux rien n’y toucher. Rien n’est matériel, seulement les nausées de mes obsessions, les vomis de mes angoisses meurtries qui se répercutent dans toutes leurs ineffables beautés mortuaires. Tu crois que je suis fou ? Peut-être as-tu raison, mon ami(e)… Ces corps féminins allongés, fraichement dénudés, sous mon regard avide. Jeunes, si jeunes, en pleine puberté. La poitrine poussant, les poils pubiens tels une oasis de saveurs longtemps interdite, encore plus désirable. Mes souvenirs sont confus. Vagues réminiscences de ce que j’ai fait et entrepris, senteurs des conséquences de mes actes impurs et dégradants. Un vrai voyage au pays des arômes, suaves, délicats et fétides. Je me promène au milieu des sépultures de mes actes. La loi ne comprenait pas mes intentions, elle y discerne encore moins une quelconque logique. Elle m’appartient. Comment comprendre des seins à moitié visibles, cachés sous un délicat déshabillé de flanelle. Le désir qui monte en mon être. Le désespoir apparaît pour la première, et souvent la dernière fois sur ces visages si poétiques et innocents. La sueur qui perlait sur mon visage, le long de mon échine, alors que les faciès de mes victimes s’empourpraient sous mon poids. L’espoir, la jeunesse, la naïveté, l’innocence, concept stupide et brutal, mis à mort sous ma vérité. Avoir vingt ans et le demeurer, tel est mon cadeau. Peu l’ont compris par leurs cris, leur désespérance, cette volonté de s’accrocher à cette parcelle de vie alors que tout est perdu…
Jérémy Urbain (8/10)