Bruce Soord – Bruce Soord
Bruce Soord
Kscope
Avant un nouvel opus des Pineapple Thief qui devrait « retrouver ses racines progressives », dixit son leader, Bruce Soord nous offre un premier album solo signé sous son nom. En effet, les deux premiers essais du voleur d’ananas étaient également des œuvres solitaires, Bruce étant à l’époque seul maître à bord. Il retrouve ici le son atmosphérique qui faisait l’excellence de son combo, tout en restant dans l’intimiste, n’étirant pas ses morceaux outre mesure, pour en faire des instantanés, des souvenirs de son passé. Bruce ne la joue pas forcément nostalgique, mais il y a une mélancolie prégnante et c’est là la force de ce disque. Forcément, il nous fait nous évader de notre réalité et nous enferme dans une bulle rêveuse. Aidé seulement par la guitare (additionnelle) de Darran Charles (de Goldsticks), Bruce Soord fait tout lui-même et prend son temps, en privilégiant l’acoustique à l’électrique.
Dès les premières notes de « Black Smoke », on est frappé par la simplicité de moyens pour nous embarquer. Hypnotique et aérien, comme un Thom Yorke (autre référence qui le poursuit), avec quelques effets, c’est un décollage immédiat. On plane encore avec « Buried Here » réminiscent des premiers Porcupine Tree, ou même de Little Man de Pineapple Thief. Que du bon. « The Odds » tente une dynamique plus pop, guitare funky en plus, assez étonnant et détonnant dans le décor ambiant. On retombe dans un feeling Wilsonnien avec « A Thousand Daggers », très plaisant. « Willow Tree » commence en terrain connu, avant une partie instrumentale surprenante et très bien construite.
« Born In Delusion » a en substance tout pour décoller, malheureusement, ce morceau ne va pas très loin. « Field Day Part 1 » et « Field Day Part 2 » sont les titres les plus mélancoliques de l’album, et possèdent de très belles guitares. Par contre, pourquoi avoir coupé le morceau en deux, mystère… La beauté de l’opus est bien incarnée par « Familiar Patterns » ! Il magnifie absolument la musique de Soord, avec son refrain à phrase unique, ses atmosphères aériennes, ses effets discrets et ses cordes très bien dosées. Enfin, « Leaves Leave Me » est encore une fois très simple, porté par la mélodie vocale aérienne et mélancolique de Bruce Soord. Superbement bâti, le titre nous emporte très haut.
Tout en petites nuances, en constructions aériennes hypnotiques, en phrasés minimalistes, cet album procure des émotions jamais galvaudées. Si Bruce Soord garde le même style pour le prochain Pineapple Thief, nul doute que nous aurons affaire à un grand disque, digne de 10 Stories Down, Variations On A Dream ou Little Man ! Son album éponyme est d’une grande beauté, simple et direct, authentique, C’est tout bonnement la meilleure sortie de son auteur depuis pas mal de temps. Avis aux amateurs.
Fred Natuzzi
http://brucesoord.com/
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